NOUVELLES EROTIQUES Tome 1 (2023-2025)

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8 - Visite nocturne

 

Je me tiens debout sur le pas de ma porte, contemplant mon nouveau quartier avec un mélange d'excitation et d'appréhension. C’est un quartier paisible, niché au cœur de la ville, où les vieilles maisons en pierre racontent des histoires d’un autre temps. Les murs sont épais, chargés de souvenirs, et chaque fissure, chaque pierre usée semble murmurer les secrets des anciens propriétaires. J'aime ce charme rustique, cette solidité, cette patine du passé qui me fait sentir ancré dans quelque chose de plus grand que moi.
Les rues sont calmes à cette heure, baignées dans la lumière douce de l’automne. Les arbres de couleurs chatoyantes, des jardinières débordantes de fleurs aux couleurs éclatantes. Mon regard erre un instant sur ces détails, me rappelant pourquoi j’ai choisi cet endroit pour recommencer une nouvelle vie. Tout ici semble propice au calme, à la réflexion. Une oasis pour l’esprit.
Soudain, un bruit sourd brise cette tranquillité. Je sursaute et me retourne vivement. Là, à quelques pas de moi, un homme est accroupi, ramassant mes affaires éparpillées sur le sol. L’un de mes cartons de déménagement s’est ouvert, renversant son contenu en désordre.
— Ce n’est rien, madame, me lance-t-il d’un ton rassurant, il n’y a pas de casse.
Je devine à son accent qu’il n’est pas du coin. Il se relève légèrement, son grand corps encore penché au-dessus de mes affaires, je vois qu’il change d’expression. Mes yeux se posent sur ses mains, qui s’affairent à ramasser mes affaires dispersées. Puis, tout s’arrête. Là, entre ses doigts, je le vois. Cet objet rose. Mon cœur manque un battement. C’est mon jouet intime, celui que je cherchais en vain dans tous mes cartons ces derniers jours. Et bien sûr, il fallait que ce soit celui-là qui se retrouve à ses pieds, entre ses grandes mains calleuses.
Je sens une vague de chaleur m’envahir, remontant de mes pieds jusqu’à mon visage. Mes jambes se dérobent légèrement sous l’effet de la honte et d'une émotion plus sourde, presque interdite. Lui aussi semble figé, réalisant enfin la nature de ce qu’il tient. Ses joues se teintent de rouge, et je peux presque sentir son embarras palpable dans l’air entre nous. Il hésite, ses doigts serrant l’objet une dernière fois avant de me le tendre maladroitement, ses yeux refusant de croiser les miens.
— Tenez… murmure-t-il, la voix rauque et timide à la fois.
Son ton est bas, presque imperceptible, comme s’il avait honte autant que moi. Je perçois un frisson dans sa voix, une légère nervosité. Une tension étrange, presque érotique, flotte entre nous, l’espace d’un instant suspendu.
Je deviens écarlate, mon visage en feu. Il tient mon godemiché dans ses mains, et je peux à peine croire à cette scène absurde. D’un geste rapide, presque paniqué, je lui arrache des mains, priant pour que la terre m’engloutisse sur-le-champ et le range dans la commode du couloir.
— Montez mes affaires dans ma chambre, première porte à droite, dis-je d’une voix tremblante avant de tourner les talons, fuyant vers l’extérieure de la maison.
Je m'accroche à la rambarde du petit escalier en bois, tentant de retrouver un souffle régulier. Mon cœur cogne, la honte m'envahit. Ma peau ébène dissimule peut-être le rouge de mon visage, mais la chaleur pulse dans tout mon corps.
Les images s'imposent, persistantes. Ce jeune déménageur accroupi, ses doigts effleurant le godemiché avant de me le tendre, hésitant. Séduisant, avec une maladresse presque touchante. Mes pensées s'égarent, et l’idée de ces mains rugueuses sur ma peau s'insinue en moi, réveillant des frissons inattendus.
Non. Je secoue la tête, rejetant cette vision. Reprends-toi.
Un coup d'œil vers l’escalier pour m'assurer qu’il termine de monter les cartons. Mes pas glissent vers le salon, mon esprit encore brouillé. Une voix m'interpelle depuis l’extérieur. Je tourne la tête. Une femme s’approche de l’entrée, une salopette tachée de peinture colorée sur le corps. Son sourire éclaire son visage.
— Bonjour, ma belle, lance-t-elle en déposant une bise sur ma joue. Je suis votre voisine, j’espère que je ne dérange pas. Vous êtes bien installée ?
Un flot de paroles s'enchaîne, chaleureux, volubile. Elle dégage une aura douce et réconfortante. Grande, des cheveux blonds qui cascadent sur ses épaules, une poitrine opulente et pleine sous la salopette. Les courbes que je devine sous le tissu éveillent ma curiosité.
Nos échanges se prolongent, jusqu’à ce qu’un déménageur surgisse, interrompant notre conversation.
— Où je vous pose les vêtements, petite dame ? lance le déménageur, un sourire sans gêne accroché aux lèvres.
Un agacement sourd me traverse. Avant que je réponde, ma voisine hausse les sourcils, se tourne vers lui, un éclat malicieux dans les yeux.
— "Petite dame" ? Sérieusement ? s'exclame-t-elle en croisant les bras, un sourire moqueur flottant sur ses lèvres. Et moi, c’est quoi ? "Grande demoiselle" ?
Le déménageur bafouille une excuse, le rouge aux joues. Un sourire me monte aux lèvres malgré moi. Suzanne — car elle s'est présentée ainsi — maîtrise l’art de remettre les gens à leur place sans brusquerie, avec une assurance qui impose le respect. Elle le fixe encore un instant, puis se tourne vers moi, un clin d'œil complice dans le regard.
— T'inquiète, je surveille les gros bras, dit-elle en posant une main apaisante sur mon bras. Ces comportements machos m'exaspèrent.

— Pas de souci, je comprends, dis-je avec un sourire.
D’un signe de la main, je salue Suzanne, puis me dirige vers les deux déménageurs qui soulèvent le canapé.
— Où on le dépose, madame ?
Mon regard balaie le salon. Une belle cheminée en pierre trône au centre, promettant des soirées hivernales au coin du feu. J’imagine déjà la lueur des flammes et la chaleur enveloppante.
Le canapé installé, les déménageurs terminent de décharger le camion. En fin de journée, ils me saluent avant de repartir. Enfin, seule dans cette maison dont je rêve depuis si longtemps, je m’affale sur le canapé, une salade en main, cherchant du réconfort après cette longue journée. Le silence me berce et, peu à peu, la fatigue m’enveloppe. Mes paupières se ferment, un plaid tiré sur mes jambes, et je m’endors, le corps lourd de cette première journée d’installation.
***
Le chant des oiseaux me réveille le lendemain matin. J’ouvre les yeux, doucement, et m’étire sur le canapé. La lumière du jour baigne la pièce d'une tendresse apaisante. Encore ensommeillée, je pars fouiller dans les cartons à la recherche de ma tasse préférée. Une fois le café infusé, je m'installe près de la fenêtre. Le jardin s'étend devant moi, un tapis d'herbe éclatante et de fleurs colorées. Des arbres, en arrière-plan, dressent un mur végétal qui préserve mon intimité.
Ce matin, ma chambre réclame enfin mon attention. Je dégage le lit de l’amoncellement de vêtements, impatiente de profiter du confort de mon grand lit tout neuf. La pièce s’étend largement, avec, face au lit, deux portes en bois finement sculpté qui coulissent pour révéler le dressing, une vaste pièce. Au fond, un grand miroir suspendu sur un mur en pierre apparente accentue l’élégance de l’ensemble. Ce dressing m’a conquise dès la première visite de la maison.
Je m’arrête un instant, admirant le travail des artisans qui ont dressé ces murs aux jointures si nettes, un véritable chef-d'œuvre. Enfin, des draps propres viennent habiller le lit. Ce soir, je quitte le canapé pour retrouver cet espace plus intime. Le confort du canapé m’a comblée, mais rien ne vaut un lit.
Sur la chaise face au dressing, je dépose une pile de petites culottes. Le tiroir parfait reste à trouver, alors elles patientent ici pour l’instant. D’autres cartons attendent encore, remplis de soutiens-gorges et de bas à organiser.
Une sonnerie retentit à la porte. Suzanne, ma voisine, se tient là, enveloppée dans une robe légère qui épouse ses courbes fines et met en valeur sa poitrine généreuse. Je l’invite à entrer et lui propose un verre. Nous nous installons au salon, et elle s’anime, m’offrant les potins du quartier. Je ne soupçonnais pas cette effervescence autour de moi.
Après un moment de conversation, elle m’invite chez elle un soir pour me montrer ses tableaux. Je l’imaginais bricoleuse, avec sa salopette tachée de peinture, mais non, c’est une artiste peintre.
— Avec plaisir, je passerai, dis-je en souriant. Juste pour te prévenir, demain, je sors faire des courses. Après-demain, je serai disponible.
Ravie de ma réponse, elle m'adresse un sourire jovial, presque malicieux, avant de s’éclipser. Je referme la porte et retourne à mes cartons, prête à poursuivre le déballage.
La soirée arrive vite, et je me sens épuisée. Je monte à l’étage, me glisse sous les draps, et m’endors instantanément.
***
Quel plaisir d’entendre les oiseaux chanter au petit matin. Mes pieds nus effleurent le parquet chaleureux. En passant devant le dressing, je remarque que j’ai oublié de le fermer. Je souris en admirant mon corps nu devant le miroir. Je ne pense pas avoir de concurrence avec Suzanne. Ok, je n’ai pas une poitrine XXL, mais on les tient bien dans une main. Je fais quelques pas et sens quelque chose sous mes pieds : mes culottes, étalées par terre, une à une, comme disposées avec soin. Pourtant, je les avais posées sur la chaise, non ? Bizarre. Je les ramasse et les range enfin dans un tiroir du dressing.
Une fois cela terminé, je descends savourer mon petit déjeuner, une tasse de café fumant à la main. Je sors sur la terrasse et m’installe tranquillement, appréciant la nature qui m’entoure. Demain, je commence mon nouveau travail à la médiathèque municipale. Aujourd’hui, les derniers cartons attendent encore d’être déballés et j’aurais fini avec cette corvée.
J’ai eu le temps, après avoir fini de tout ranger, de visiter l’atelier de Suzanne. J’apprécie ses toiles, chacune vibrant de couleurs intenses et de textures audacieuses. Les murs, couverts de ses œuvres, respirent une énergie brute et captivante. Des éclaboussures de peinture s’étendent jusque sur le sol et les meubles, ajoutant une touche de chaos maîtrisé à l’ensemble. Suzanne me raconte la genèse de chaque tableau avec passion, ses mains dessinant dans l’air des gestes qui semblent poursuivre le mouvement de ses pinceaux.
Je me perds dans les détails de ses œuvres, fascinée par les émotions qu’elles dégagent. Elle a un talent certain pour capturer des ambiances, des fragments d’âme. Certains portraits, en particulier, m’interpellent par leur intensité, comme si les personnages sur la toile allaient soudain me parler.
— Tu as vraiment un don, dis-je, sincère.
Elle me lance un sourire complice, les yeux brillants de gratitude.
— Merci. C’est rare de trouver quelqu’un qui regarde mes tableaux avec autant d’attention.
L’atmosphère dans l’atelier est intime, presque magique. En observant la lumière tamisée caresser les peintures, je me sens inspirée, transportée. Un lien se tisse, silencieux, mais profond, entre nous, comme si les couleurs de ses toiles révélaient des fragments de nous-mêmes que nous ignorions jusque-là.
Ce soir, je m'endors paisiblement, un repos bien mérité. Pourtant, mon sommeil est agité. Je ne sais pas pourquoi, mais au matin, je sens des courbatures dans tout mon corps, sûrement dues aux efforts du déménagement. J'enfile mes pantoufles, encore à moitié réveillée, et j'aperçois mon reflet dans le miroir. Je suis somnolente, les cheveux en désordre, mes paupières lourdes, et je m'avance doucement vers la salle de bain. Mais quelque chose m’intrigue.
La porte du dressing. Elle est grande ouverte. Je suis pourtant certaine de l'avoir fermée la veille. Je recule de quelques pas, jetant un regard interrogateur sur le dressing entrouvert. Après un moment de réflexion, je secoue la tête et continue mon chemin. Il me faut un café, et vite. J’ai vraiment besoin de reprendre mes esprits.
À peine ai-je posé mon derrière sur la chaise que le carillon de la porte d’entrée retentit. Je me lève en soupirant, encore groggy, et j'aperçois par la fenêtre la silhouette fine et élancée de ma voisine Suzanne. J’ouvre la porte, surprise par sa visite si matinale.
— Ah oui, quel joli accueil ce matin ! dit-elle avec un sourire malicieux.
Je suis sur le point de la saluer quand je réalise que mon pyjama est complètement déboutonné, dévoilant une partie de ma poitrine. Je me fige, rougissant de honte.
— Oh, zut, désolée… dis-je en refermant précipitamment mon pyjama.
Elle éclate de rire, un rire léger, désinvolte.
— T'inquiète, ce n’est rien, lance-t-elle en haussant les épaules.
Je serre mon pyjama contre moi, tentant de retrouver un semblant de dignité.
— Qu'est-ce qui t'amène ? demandé-je, en essayant de dissimuler ma gêne.
— Tu aurais du sucre ? Je n’en ai plus pour mon café.
— Bien sûr, entre, fais comme chez toi.
Nous avançons vers la cuisine, et en sortant le sucre du placard, je lui propose :
— Si tu veux, reste boire un café. J’en ai préparé.
— Avec plaisir, répond-elle, une petite étincelle malicieuse dans les yeux.
Nous nous installons au comptoir de la cuisine, cet îlot qui me sert aussi de plan de travail. Je la détaille, encore un peu groggy après une nuit agitée. Elle rayonne, même sous la lumière douce du matin. Ses cheveux blonds dessinent des vagues autour de son visage, sa peau claire capte chaque reflet avec une délicatesse surprenante. Une robe légère suit les courbes de son corps, épousant sa silhouette sans une once de vulgarité.
Je sens ses yeux sur moi, et sa voix douce m’interrompt :
— Tu fixes quoi, là ?
Je sursaute, prise sur le fait.
— Oh, rien… vraiment rien.
— Pourtant, on dirait bien, réplique-t-elle, un sourire en coin.
Je tente de détourner la conversation.
— Mauvaise nuit. Des courbatures partout.
— Ah bon ? répond-elle, curieuse.
Elle se lève sans un mot, contourne le comptoir, et ses mains se posent doucement sur mes épaules. Ses doigts exercent une pression précise, glissant sur les nœuds de tension de mon cou. Un soupir m’échappe, un gémissement de plaisir que je ne contrôle pas.
— Oups… dis-je, gênée.
Nous rions toutes les deux, mais le rire léger qui s'échappe entre nous modifie imperceptiblement l'atmosphère. Je descends de ma chaise, et soudain, nos regards se croisent avec une intensité nouvelle. L’air s’alourdit, comme chargé de quelque chose d’inavoué. Mon cœur accélère, une étrange chaleur monte en moi, à la fois douce et étourdissante.
Elle s’approche, ses mains glissent naturellement sur mes hanches, ses doigts s'ancrent contre moi avec une assurance qui me trouble. Une vague de chaleur monte le long de ma colonne vertébrale. Son corps frôle le mien, sa poitrine effleure ma peau, et je ressens chaque courbe, chaque ligne de son corps qui se fond contre le mien. Nos visages se rapprochent, ses lèvres effleurent les miennes. Puis, elle m’embrasse.
Mes pensées se dissipent, mon esprit s’efface, laissant place aux sensations pures. Ses mains se faufilent doucement sous mon pyjama, ses doigts explorent ma peau avec une tendresse infinie. Une chaleur inconnue s'empare de moi, une découverte douce et inédite. Je me laisse aller, enveloppée par cette douceur, par cette attention nouvelle. Mes yeux se ferment, mon corps se détend sous ses caresses, répondant malgré moi à chaque frôlement.
Elle s'écarte légèrement, son regard intense, presque tendre, et je comprends qu’elle perçoit mon inexpérience. Elle sourit, d’une douceur qui me rassure et m’encourage tout à la fois. Elle dégrafe sa salopette, la laisse glisser au sol, révélant sous le tissu une lingerie délicate, d'un rose pâle qui contraste élégamment avec sa peau claire. Ses seins, lourds et généreux, sont libérés lorsqu’elle ôte son soutien-gorge. Ils rebondissent légèrement, attirant immédiatement mon regard.
Elle avance de nouveau, ses mains caressent mes épaules, puis descendent lentement, et, dans ce geste, je sens tout le respect et l'attention qu'elle porte à ce moment. Nos corps s’effleurent, nos respirations se synchronisent. Ses mains guident les miennes vers elle, me laissant découvrir en douceur les courbes de sa poitrine. Mon souffle se mêle au sien, un courant invisible nous relie, m'entraînant plus loin dans cet instant de découverte partagée.
Curieux, mes doigts découvrent les courbes de sa poitrine, chaque ligne et chaque forme. Nos corps se rapprochent, la chaleur de sa peau contre la mienne m'enveloppe, presque écrasante, presque irréelle. Nos tétons se frôlent, déclenchant une électricité qui pulse entre nous, vibrante et mystérieuse. Ce contact, troublant, m'éveille à des sensations insoupçonnées. Je me penche, mes lèvres effleurent sa peau, ma langue caresse son sein, un frisson de plaisir m'envahit. Je comprends soudain l'intensité érotique de ce geste, l’écho qu’il laisse dans mon corps.
Ses mains glissent plus bas, effleurant la ligne de mon pyjama, explorant de nouvelles frontières. Elle m'offre un sourire complice en sentant ma réaction, une chaleur inattendue se répand dans mon ventre. Mon corps répond sans retenue, s'ouvrant à cette expérience nouvelle. Chaque sensation se révèle comme une première fois, chaque frôlement m’emporte dans un territoire inconnu.
Nos mouvements se synchronisent dans une danse silencieuse, une chorégraphie instinctive qui nous mène jusqu’au salon. Elle retire mon pyjama avec douceur, laissant glisser le tissu, un sourire espiègle aux lèvres. Nous nous étendons sur le canapé, ses mains parcourent chaque parcelle de ma peau, éveillant une myriade de sensations. Sa main trouve la mienne, ses doigts se glissent entre les miens, une chaleur rassurante, un lien intense qui nous enveloppe.
Son regard se fait plus audacieux, et moi, je découvre en elle une force et une tendresse qui m’attirent irrésistiblement. Mes mains explorent sa lingerie fine, traçant les contours de son corps. Je libère sa bouche pour me concentrer sur ses seins, léchant ses tétons durcis. Elle retire sa culotte fine. Puis, dans un mouvement fluide, elle prend ma tête entre ses mains et m’attire entre ses cuisses. Mon visage se retrouve plongé dans ses lèvres imposantes, et sans hésiter, je les lèche avec gourmandise. Leur ampleur ne m'empêche pas de les goûter, de les aspirer doucement. Sa réaction est immédiate : elle pousse ma tête encore plus fort contre son sexe, m’encourageant à plonger ma langue dans son vagin. L’intensité de ses gémissements s’amplifie, et je me sens dévorée par cette expérience, ma respiration se faisant difficile avec ses lèvres m’enfermant presque. Mais l'excitation dépasse la gêne. Ses murmures s’accordent à mes gestes, ses soupirs suivent le rythme de nos mouvements. Nos corps se répondent, nos gestes s’approfondissent, nos respirations s'alourdissent. Un monde de sensations nouvelles s'ouvre, chaque frisson révélant une part inexplorée de moi-même. Nous nous laissons emporter, chacune explorant les limites et les possibilités de ce lien qui nous unit.
Je finis par relever la tête, essoufflée, le souffle encore saccadé. Elle se redresse. Libère le canapé. Je m’assois pour reprendre mon souffle. Tandis que Suzanne s’agenouille devant moi, ses yeux étincellent d'une malice douce. Je n’ai même pas le temps de reprendre pleinement mes esprits. Ses mains écartent doucement mes cuisses, et je sens son souffle chaud glisser entre mes jambes, électrisant chaque centimètre de ma peau.
Elle plonge son visage, sa langue effleurant ma peau avec une délicatesse exquise. Mon corps se tend légèrement, puis se relâche, cédant à ce plaisir qui monte doucement en moi. Ma respiration se fait plus rapide, plus profonde. Ma chatte, plus fine, plus discrète que la sienne, semble réagir à chaque coup de langue, à chaque caresse subtile de nos lèvres.
Je laisse échapper un soupir. Ses mains se resserrent légèrement sur mes hanches, me maintenant en place alors qu’elle continue, explorant chaque recoin de mon sexe avec une attention précise. Soudain, je sens sa langue frôler mon clitoris. Un frisson intense traverse mon corps, comme une onde de chaleur qui se propage depuis ce petit point de chair sensible jusqu’à chaque fibre de mon être.
Mon ventre se contracte involontairement, mes muscles tressaillent sous l’effet du plaisir qui monte, plus fort, plus aigu. Ma tête bascule en arrière, mes mains s’agrippent le bord du canapé. J’essaie de me retenir, de rester ancrée, mais c’est impossible. Le plaisir est trop intense. Je sens des rires nerveux montés à mes lèvres, un mélange d’angoisse et de bonheur absolu, comme si mon corps ne savait plus comment gérer cette vague de sensations.
— Oh… je… balbutiai, incapable de construire une phrase cohérente.
Suzanne semble comprendre sans un mot. Sa langue s’immobilise juste là, sur ce point précis, jouant avec une douceur maîtrisée. C’est trop. Mes contractions deviennent plus violentes, je sens la montée inexorable de l’orgasme, une explosion imminente. Je tente de lutter contre cette vague dévorante, mais mon corps cède, s’abandonne complètement. Un cri aigu m'échappe alors que mon orgasme me prend par surprise, plus puissant que tout ce que j’aurais pu imaginer.
À bout de souffle, elle abandonne et se laisse tomber sur le tapis, assise, reprenant sa respiration. Moi aussi, je suis essoufflée. Je m'affale sur le canapé, encore tremblante, des crampes enserrant mon ventre. Mes jambes refusent de bouger, engourdies après cette tempête de sensations.
— Tu vas bien ? murmure-t-elle avec douceur.
Je prends une seconde pour rassembler mes esprits, encore sous le coup de l'étourdissement. Un grand sourire éclaire mon visage, et je hoche la tête en silence. Elle laisse échapper un rire léger, se relève et se dirige vers la cuisine.
— On prend un autre café ? propose-t-elle, la voix tendre.
Je me redresse, encore habitée par l’intensité de l’instant. Mon sourire se crispe, mes muscles trahissant les crampes délicieuses qui s’attardent dans mon ventre, témoins de ce plaisir qui résonne encore en moi. Nos yeux se croisent, et un éclat complice se glisse entre nous, une intimité silencieuse qui se passe de mots.
— Pourquoi pas… dis-je, la voix encore ébranlée.
Suzanne sourit avec une tendresse amusée. Elle s’active pour préparer deux tasses de café, pendant que je me laisse fondre dans le canapé, savourant la tranquillité après la tempête. Mon esprit flotte, oscillant entre incrédulité et satisfaction, se demandant si tout cela est bien réel, si cette chaleur qui persiste sur ma peau m’appartient vraiment.
Je me sens… vivante.
Elle sirote son café tranquillement, jetant un coup d’œil à sa montre.
— Oh, merde, je vais arriver en retard, lâche-t-elle.
Elle se redresse, enfile ses vêtements avec précipitation, s’arrête un instant pour déposer un baiser sur mes lèvres, puis fonce vers la sortie. Je souris, fascinée par sa beauté dans cette énergie effervescente.
— Où tu cours comme ça ? Un rendez-vous ? demandai-je juste avant qu’elle ne claque la porte.
Sur le perron, sa voix me parvient, claire et un peu amusée :
— Oui, je dois aller chercher mon mari à la gare.
La porte se ferme, me laissant seule, le cœur encore battant, l’écho de ses mots flottant dans l'air. Moi aussi, je dois me préparer. Sur le chemin du travail, mon esprit ne cesse de revenir à Suzanne. Mes pas avancent, mais je flotte, comme une somnambule, traversant la ville sans vraiment en percevoir les contours.
***
J’arrive à la médiathèque juste à temps pour l’ouverture. Devant la porte, des lecteurs impatients attendent déjà. Un coup d’œil à ma montre : 9 h 58. Je me dépêche de déverrouiller et les laisse entrer dans le grand hall. Une fois à l’intérieur, je me glisse derrière mon comptoir, prenant les retours de livres et magazines empruntés. La suite de la matinée s’annonce calme, mais mes pensées dérivent. Suzanne me hante ; je me représente sa langue qui me caresse délicatement mon intimité.
— Sanaa, tu m’entends ?
La voix de ma supérieure me tire brusquement de ma rêverie.
— Oh, excusez-moi, j’étais… distraite.
— Je vois ça. Ça fait cinq minutes que je t'appelle. Peux-tu ranger la dernière livraison ?
— Oui, madame.
Je me lève et me dirige vers la pièce du fond, où une dizaine de cartons m’attendent, empiler contre le mur. La scène me rappelle mon propre déménagement, ces cartons lourds, remplis de souvenirs et de fragments de vie. Ici, ce sont les archives du journal local. En plus de fournir des livres aux habitants, notre travail consiste aussi à préserver les ouvrages patrimoniaux, et, parmi eux, ces vieux journaux hebdomadaires qui retracent des décennies d’histoire.
Tout en archivant, je feuillette les journaux, laissant mes doigts glisser sur les pages vieillies. Soudain, mon attention se fige sur une couverture : « Disparition de Mademoiselle Evans ». Une photographie illustre l’article… et cette photo, c’est ma maison. Mon cœur s’accélère. Je tourne les pages, cherchant la suite de l'article, mais la page huit manque, arrachée. Quelqu’un a retiré cette information.
Intriguée, le journal en main, je me dirige vers le bureau de ma responsable, un mélange de curiosité et de malaise naissant dans mon esprit.
— Regardez ce journal. Il manque une page.
Ma responsable soupire, visiblement agacée, avant de me le remettre d’un geste las.
— Que voulez-vous qu’on fasse ? demande-t-elle.
— On pourrait demander un autre exemplaire.
— Ces cartons viennent de la veuve Carlson.
— Carlson ?
— Oui, son mari dirigeait ce journal. Il est décédé il y a cinq ans.
Je la fixe, une anxiété sourde montant en moi. Cette histoire de disparition m’intrigue profondément. De retour chez moi, je cherche des informations en ligne, mais je ne trouve rien sur cette affaire. Pourtant, la photo sur la couverture montre bien ma maison.
J’ai emporté le journal avec moi, déterminée à découvrir ce qui est arrivé à Mademoiselle Evans. Après une recherche plus approfondie, je finis par dénicher l’adresse de Mme Carlson. Une décision se forme en moi : demain, je lui rendrai visite.
La nuit est agitée, pleine de sensations étranges. À un moment, je crois sentir un effleurement léger sous mes draps, une caresse invisible qui glisse sur ma peau. Je sursaute et allume. Il n’y a rien de bizarre, rien de concret, pourtant une sensation de malaise persiste. Je finis par me rendormir, sombrant cette fois dans un sommeil lourd, comme si quelque chose cherchait à apaiser mon esprit tourmenté par cet article.
— Ouh là, le réveil est difficile.
Suzanne est là, en train de me préparer un chocolat chaud. Sa présence m’est si précieuse que je lui ai confié une clé de la maison. Dans ses bras, je me sens en sécurité, enveloppée d'une chaleur rassurante. Elle passe souvent le matin, m’apportant le petit déjeuner avant de s’immerger dans sa journée d’artiste.
En sirotant mon café, mes pensées s'échappent, et les mots me viennent à voix haute.
— Tous les soirs, je passe chez elle, mais personne n’ouvre.
— Chez qui ? demande Suzanne.
— Mme Carlson.
— Ah…
— Cette histoire ne t’évoque rien ?
Elle secoue la tête.
— Je te l’ai déjà dit, je n’habitais pas encore ici à l’époque. Je n’ai jamais entendu parler de cette disparition.
— J’ai l’impression que sa maison est abandonnée… vide.
Suzanne réfléchit un instant, ses yeux se plissant légèrement.
— Tu as essayé l’hospice ?
— L’hospice ?
— Oui, la maison de retraite.
Je me redresse, soudainement réveillée par l’évidence.
— Bien sûr ! Pourquoi je n’y ai pas pensé…
Elle secoue la tête en souriant, un mélange d’amusement et de légère exaspération dans le regard. Ses doigts se referment doucement autour de ma main, m’entraînant avec elle vers la salle de bain. Elle me déshabille avec une tendresse infinie, ses mains parcourant ma peau, déclenchant des frissons à chaque contact. Elle se baisse, fait glisser mon slip le long de mes jambes… puis s’interrompt brusquement, son regard fixé sur ma hanche.
— C’est quoi, ça ? murmure-t-elle, le visage soudain sérieux.
Je baisse les yeux, intriguée. Une marque rouge s’étire en spirale sur ma jambe, une cicatrice récente. Un frisson de malaise traverse mon dos.
— Je… je ne sais pas, murmuré-je, troublée.
Elle pose délicatement son doigt sur la marque, inspecte l’endroit, et je réalise que je ne ressens rien de particulier. Après un instant, elle relève les yeux vers moi, rassurante.
— Ça n’a pas l’air grave, dit-elle doucement.
Je hoche la tête, soulagée. Elle esquisse un sourire avant de reprendre doucement là où elle s’était arrêtée. Ses mains continuent d’explorer ma peau, avec une lenteur calculée, presque envoûtante. Une chaleur douce monte en moi alors que ses gestes se font plus audacieux. Sa langue effleure mon intimité, glisse entre mes lèvres. Chaque mouvement m'arrache une vague de frissons, et mes sensations s’intensifient à mesure que son souffle et ses caresses se synchronisent avec les battements de mon cœur.
Mon corps se tend sous cette attention, la chair de poule envahit ma peau. Ses doigts, délicats, mais fermes, parcourent mon dos et descendent lentement, déclenchant une onde qui me traverse. Ils s’attardent un instant, explorant chaque ligne de mon corps, puis reviennent, intensifiant mon plaisir. Une chaleur diffuse se répand dans mon ventre, me laissant sans défense face à l’explosion qui se prépare.
Je recule légèrement, mon dos effleurant le mur froid de la douche, et, dans un geste maladroit ou volontaire, le jet d’eau s’active, projetant une pluie tiède sur nous. L’eau ruisselle sur nos corps, mouillant ses vêtements, mais elle ne s’arrête pas. Elle continue, plus intensément, et mon souffle s’emballe. Mes jambes tremblent, mon corps vacille sous l’assaut des sensations, jusqu’à ce qu’un orgasme puissant m’emporte.
Elle me rattrape au moment où mes jambes flanchent, m’enveloppe de ses bras et me redresse doucement. Son regard se plonge dans le mien, une tendresse infinie dans ses yeux. Sous le jet de la douche, elle m’embrasse, sa bouche douce et possessive, sa langue jouant avec la mienne dans une danse lente et enivrante. L’eau continue de ruisseler, mêlant chaleur et apaisement, tandis que je me perds dans cet instant suspendu entre nous.
Je l’aide à retirer ses vêtements, un à un, jusqu’à ce qu’elle se retrouve nue, son corps pressé contre le mien. Sa chaleur m’envahit, et je sens sa poitrine généreuse s’écraser doucement contre ma peau. Ce contact réveille en moi une excitation que je n’essaie même pas de contenir. Elle se frotte à moi, ses mouvements fluides éveillant des frissons sur tout mon corps. Ses seins se pressent contre moi, et je sens ses mamelons se raidir sous l’effet de notre étreinte.
Je baisse les yeux sur eux, fascinée. Ils se dressent avec une audace qui me trouble, presque irréels, d’une taille qui attire irrésistiblement mes lèvres. Je m’empresse de les goûter, ma langue effleurant ces pointes sensibles. Mes lèvres se referment doucement sur l’un d’eux, et je sens sous ma bouche la texture des auréoles, légèrement frémissantes. L’excitation transforme sa peau, amplifiant mes sensations à chaque mouvement. Un goût de chaleur et de désir s’imprègne sur ma langue.
Mes mains explorent son corps, suivant la courbe de ses hanches, effleurant sa taille et glissant plus bas, vers son intimité. Mes doigts trouvent leur chemin, s’aventurent dans cette fente humide et accueillante. Je plonge doucement dans ses profondeurs, mon souffle s’alourdissant alors que son corps réagit sous mes gestes. Ses soupirs résonnent dans mes oreilles, synchronisés avec les battements de mon cœur, et je sens l’intensité de cet instant s’intensifier entre nous, chaque geste renforçant ce lien charnel qui nous enveloppe.
Je coupe l’eau, attrape sa main et l’entraîne hors de la douche. Des serviettes posées sur le lit attendent pour nous envelopper. Elle s’allonge, son dos contre le tissu doux, ses jambes s’écartant dans un geste qui ne laisse aucun doute sur son désir. Ses cuisses s’ouvrent, et ses lèvres intimes se dévoilent, doucement, comme une fleur s’épanouissant sous la lumière.
Je m’approche, guidée par son invitation muette, et glisse ma tête entre ses cuisses. Ma langue caresse le contour de ses lèvres avec lenteur, savourant chaque réaction de son corps. Je m’enfonce de plus en plus profondément, à la recherche d’un instant de plaisir qui la fait frissonner. Ses soupirs s’élèvent, son corps se cambre sous mes gestes, et je me perds dans l’intensité de ce lien.
Un long moment s’écoule, et nous finissons par nous retrouver allongées sur le lit, nos corps relâchés, encore brûlant des sensations échangées. Nos mains s’entrelacent, nos regards fixent le plafond, comme si les mots n’étaient pas nécessaires. Le silence nous enveloppe, mais il est doux, complice. Nous vivons cet instant hors du temps, savourant le présent, laissant nos corps se reposer après ce moment d’abandon et de passion.
— Je dois savoir, dis-je, fixant le plafond.
Suzanne tourne la tête vers moi, son regard interrogateur.
— Savoir quoi ?
— Ce qui s’est passé dans cette maison.
— Rien, ne t’inquiète pas, répond-elle avec une pointe d’impatience dans la voix.
— Je dois en avoir le cœur net.
— Tu comptes faire quoi ?
— Après le boulot, je vais passer à la maison de retraite pour rencontrer Mme Carlson.
Suzanne se redresse, se lève, et s’approche du miroir. Elle observe son reflet, admirant les courbes de son corps avec une confiance naturelle.
— Comme tu veux, dit-elle en haussant les épaules, son ton léger, presque détaché.
Je me lève à mon tour et m’avance vers elle. Mes bras s’enroulent autour de sa taille, mes doigts glissent sur ses courbes, explorant la douceur de sa peau. Le contraste entre ma peau noire et la sienne, claire et lumineuse, me fascine toujours autant. Nos regards se croisent dans le miroir, un sourire complice naît entre nous. Je dépose un baiser délicat dans le creux de son cou, respirant son odeur.
Elle frissonne légèrement et murmure :
— Tu devrais mettre quelque chose dessus.
— Sur quoi ?
— Ta rougeur, sur ta jambe.
Je baisse les yeux sur ma cuisse, intriguée, et je vois une tache rougeâtre qui s’étend le long de ma jambe. Bien que ma peau soit noire, cette ligne enflammée se distingue nettement, comme un ruban précis où la chair semble légèrement irritée, presque écorchée. Pourtant, ce qui me trouble le plus, c’est l’absence totale de douleur. Aucun picotement, aucune gêne, rien. La marque est là, net sans douleur.
— Oui, je vais mettre de l’antiseptique, dis-je, en fronçant les sourcils, plus perplexe qu’inquiète.
Suzanne me regarde un instant, son expression indéchiffrable. Elle pose une main légère sur mon bras, comme pour me rassurer, mais ne dit rien. Je me dirige vers la salle de bain. Alors que je passe devant Suzanne, une tape légère sur mes fesses me surprend. Je me retourne, un sourire amusé sur les lèvres, et je balance mon fessier, espiègle, dans un mouvement qui évoque une danse africaine, énergique et joyeuse. Suzanne éclate de rire, un éclat sincère et contagieux qui illumine la pièce. Elle me contemple, un sourire attendri au coin des lèvres.
— Tu es magnifique quand tu es comme ça, dit-elle doucement.
Dans la salle de bain, je cherche dans l’armoire à pharmacie, le flacon d’antiseptique, mes pensées dérivantes déjà ailleurs. Cette marque m’obsède. Elle n’est pas normale. Et elle ne fait que renforcer ce sentiment d’étrangeté nocturne qui grandit depuis que j’ai emménagé dans cette maison.
Bientôt dix heures. Le temps file, et je dois m’habiller pour rejoindre mon travail. Suzanne est déjà partie, laissant derrière elle une table débarrassée et une odeur légère de café encore suspendue dans l’air. Je récupère les clés de la maison, ferme la porte.
Sur le trottoir. Au loin, à travers la grande fenêtre de son atelier, j’aperçois Suzanne. Son pinceau glisse sur une toile, et son corps se penche avec une concentration presque hypnotique. Elle me voit et me fait un signe. Je lui réponds naturellement, un sourire au coin des lèvres, tout en poursuivant ma marche vers mon lieu de travail.
Les heures s’étirent lentement, mais la fin de ma journée arrive enfin. Une fois la médiathèque fermée, une montée d’excitation mêlée d’appréhension me pousse à accélérer le pas. Je traverse la ville, l’esprit focalisé sur une seule chose : rencontrer Mme Carlson.
L’EHPAD dégage une atmosphère calme, presque oppressante, cette tranquillité propre aux lieux où le temps semble s’écouler autrement. À l’accueil, je m’approche du comptoir et interroge l’hôtesse :
— Bonjour, avez-vous une pensionnaire du nom de Mme Carlson ?
Elle relève les yeux vers moi, intriguée, puis son regard s’éclaire.
— Ce nom me dit quelque chose.
Ses doigts dansent sur le clavier tandis que mon cœur s’accélère. Les secondes me paraissent longues avant qu’elle ne hoche la tête.
— En effet, une Elizabeth Carlson se trouve dans la chambre 112. Vous êtes de la famille ?
— Non, mais j’aurais besoin de la rencontrer.
Son expression change aussitôt, plus fermée.
— Ce n’est pas possible. Seule la famille est autorisée à lui rendre visite.
— S’il vous plaît, c’est vraiment important, juste pour discuter un moment avec elle.
Elle secoue la tête.
— Désolée, les règles sont strictes.
Un soupir de déception m’échappe alors que j’opère un demi-tour, la frustration grimpant en moi. À quelques pas de la porte d’entrée, une voix appelle l’hôtesse. Je me retourne discrètement et la vois s’éloigner de son poste. L’occasion est parfaite.
Je pivote sur mes talons, le cœur battant, et rebrousse chemin, avançant rapidement dans le couloir qu’elle m’a, sans le vouloir, indiqué. Les numéros des chambres se succèdent, l’écho de mes pas résonnant dans le silence, jusqu’à ce que je m’arrête devant la porte 112.
Je toque doucement. Aucun son ne vient en réponse. Une hésitation me traverse, mais je prends une inspiration, puis j’ouvre lentement la porte et entre. Mme Carlson est allongée sur son lit, les draps tirés jusqu’à sa taille. Ses yeux s’ouvrent aussitôt, se posant directement sur moi, perçants malgré les rides et la fatigue qui marquent son visage. Elle me fixe, et un silence s’installe. Je reste figée, incertaine de ce que je vais dire.
— Bonjour, dis-je finalement, ma voix était basse, presque un souffle.
— Bonjour… Qui êtes-vous ? demande-t-elle, ses sourcils légèrement froncés.
Je m’avance d’un pas, mes mains crispées sur le journal plié
— On ne se connaît pas, Madame, mais j’aimerais vous parler de votre mari.
Ses traits se figent. Elle cligne des yeux, et son regard s’assombrit.
— Marcus ? murmure-t-elle. Il est décédé, vous savez.
— Je sais, Madame, et j’en suis désolée.
Elle soupire, un souffle long et fatigué, puis détourne les yeux vers la fenêtre, où la lumière du soir s’affaiblit.
— Ça fait partie de la vie, répond-elle d’un ton détaché. Bientôt, ce sera mon tour.
Sa résignation me serre la gorge, mais je reste concentrée. J’avance jusqu’à son lit et présente le journal que je tenais serré dans mes mains. Lentement, je le lui tends.
— Est-ce que vous pouvez m’expliquer ceci ? demandai-je d’une voix tremblante.
Ses yeux se posent sur le journal. Une ombre passe sur son visage, et ses mains, fines et légèrement tremblantes, s’avancent pour le saisir. Elle fixe la photographie, celle de ma maison, puis relève les yeux vers moi, un éclat indéfinissable dans son regard.
— Pourquoi vous intéressez-vous à ça ? murmure-t-elle. Le journal de mon mari, c’était comme son bébé. Dit-elle en souriant ?
Elle fixe longuement la photographie, celle de ma maison, puis lève lentement les yeux vers moi. L’éclat indéfinissable dans son regard s’accompagne d’un sourire qui s’efface, laissant place à une expression grave.
— Mon mari était obsédé par cette histoire, murmure-t-elle, presque pour elle-même.
— Obsédé ? Pourquoi ? demandai-je, mon cœur battant la chamade.
— Elle n’a jamais été résolue. Cette disparition… Marcus n’a jamais pu s’en détacher. Il a monté tout un dossier dessus, il pensait qu’il tenait quelque chose.
Mon souffle se suspend un instant.
— Où se trouve ce dossier ?
— Dans son bureau, répond-elle en désignant un point invisible au loin. Il passait tout son temps là-bas, à écrire ses articles.
— Est-ce que je peux le récupérer ? J’aimerais l’étudier.
Elle me regarde, hésite, puis acquiesce doucement.
— Oui, bien sûr. Mais… il faut aller dans son bureau, et je ne peux plus me déplacer. Je ne suis plus toute jeune, dit-elle avec un soupir résigné, le regard fatigué.
Avant que je puisse répondre, une voix froide et autoritaire nous interrompt brusquement.
— Qu’est-ce que vous faites ici ? Je vous ai dit que seules les visites de la famille sont permises !
La femme de l’accueil se tient dans l’embrasure de la porte, les bras croisés, le visage sévère. Pris en flagrant délit, je me retourne vers elle, désespéré.
— S’il vous plaît, encore cinq minutes…
— Non. Sortez immédiatement, ou j’appelle la sécurité.
Elle s’avance et saisit mon bras, me tirant vers la sortie. Je me retourne vers Mme Carlson, toujours allongée sur son lit, une détresse muette gravée sur mon visage. Nos yeux se croisent. Voyant ma tension et mon désespoir, elle murmure, à peine audible :
— Le troisième pot de fleurs…
Son message sibyllin résonne en moi, mais je n’ai pas le temps de répondre. L’hôtesse me pousse vers la porte.
— Ne revenez plus jamais, sinon j’appelle la police, dit-elle d’une voix tranchante en claquant la porte derrière moi.
Je me tiens là, à l’extérieur de l’EHPAD. Je quitte les lieux, lasse et frustrée de n’en savoir davantage. De retour chez moi, je me traîne dans la cuisine, avale distraitement un repas sans saveur, me lave rapidement et me glisse sous mes draps. Le sommeil m’emporte aussitôt, lourd et profond, comme si mon esprit cherchait à fuir mes pensées agitées.
***
L’obscurité règne dans la chambre. Un silence presque surnaturel s’installe, comme si la maison elle-même retenait son souffle. Dans cet état de sommeil profond, je n’entends rien. Ni le léger froissement sur la moquette ni le glissement subtil de quelque chose qui s’introduit sous mes draps. Une présence, imperceptible, s’approche. Elle serpente doucement, contournant mes jambes, enserrant ma peau comme si elle cherchait à trouver son chemin.
Mes deux jambes sont entrelacées par cette chose, écartant mes jambes avec une lenteur calculée. Mes lèvres s’écartent, laissant entrouvert un passage. Sur le sol avance une troisième chose, se frayant un chemin sous mon drap, elle se faufile entre mes jambes écartées, arrive devant ma chatte stop net. Se surélève comme tenue par des fils d’un pantin, avance doucement devant mes lèvres, puis s’introduit dans mon vagin. Mon corps, abandonné au sommeil, reste immobile, inconscient. Mon souffle demeure régulier, mon esprit perdu dans un univers onirique, ignorant totalement l’étrange réalité qui se joue dans cette chambre.
Au matin, le chant des oiseaux me réveille doucement. Pourtant, dès que j’ouvre les yeux, une sensation étrange s’installe. Je ne me sens pas bien. Mon corps semble lourd, mes jambes fébriles, et une douleur sourde s’insinue dans mon ventre. En me levant, ma tête tourne légèrement, et je m’appuie sur le bord du lit pour retrouver mon équilibre.
Mes pas me guident instinctivement vers la salle de bain. Je m’arrête net en apercevant la porte du placard, grande ouverte. Je fronce les sourcils. Hier soir, avant de me coucher, je me suis regardée dans ce même miroir, et j’avais pris soin de fermer cette porte. Je secoue la tête. J’ai dû rêver.
Je m’avance pour la refermer, mais mon reflet dans le miroir me coupe dans mon élan.
— Oh mon Dieu… quelle tête… murmuré-je, dépitée.
Mes cheveux partent dans tous les sens, et ma chemisette froissée affiche une tache étrange sur le tissu. J’ai l’air d’avoir traversé une tempête. Mon regard glisse vers mes jambes, et je remarque quelque chose d’étrange : des particules scintillantes recouvrent ma peau. Elles brillent faiblement à la lumière du matin, comme si un voile de poussière étincelante s’était déposé sur moi pendant la nuit. Je fronce les sourcils. Qu’est-ce que c’est ?
Je retire ma chemisette, et un frisson glacé me parcourt. Les traces rouges serpentent maintenant sur mes deux jambes, bien plus marquées qu’hier.
— Et… c’est quoi ça ? dis-je à voix haute, un nœud se formant dans ma gorge.
Une matière gluante, blanchâtre et translucide, s’écoule de mon vagin, traçant un filet froid le long de ma cuisse. Mon souffle se coupe. Une nausée monte en moi, mais je me reprends et me dirige précipitamment vers la salle de bain.
Sous la douche, l’eau chaude glisse sur ma peau et emporte cette étrange substance, me donnant un instant de répit. Le jet d’eau sur mon intimité m’apaise, détend mes muscles crispés. Pourtant, mon esprit s’agite. Je repasse mentalement chaque détail, cherchant une explication logique. Des règles plus abondantes ? Non, je n’ai vu aucune trace de sang. Ce liquide était différent, gluant, translucide, presque comme du slime.
— Une sécrétion vaginale… peut-être ? murmuré-je, perplexe, en frottant mes jambes.
L’eau me purifie, lave mon corps, mais laisse mon esprit en proie à un tourbillon d’interrogations. Une inquiétude sourde s’installe, une sensation que quelque chose d’invisible m’échappe…
Après le déjeuner, je me dirige vers la maison de Suzanne. Je sonne, mais aucun bruit ne me répond. J’aurais voulu lui parler de mes sensations étranges au réveil, de ces marques et de ce malaise persistant. C’est le week-end, elle est peut-être partie en balade avec son mari. Ils aiment marcher, explorer. Je reste un instant devant sa porte, incertaine, puis je décide de continuer mon chemin, me laissant porter par une balade dans le parc.
Les pensées me rattrapent rapidement, comme toujours. Cette conversation avec Mme Carlson revient me hanter. Cette phrase énigmatique, « le troisième pot de fleurs », tourne dans ma tête. Que voulait-elle dire ? Et si c’était la clé pour comprendre ce qui se passe ?
Je prends une décision. Il faut que j’aille vérifie. Je me dirige vers sa maison. L’avant est calme, rien ne bouge à l’intérieur, et je ne vois aucun pot de fleur à l’extérieure. Mon regard balaie les environs, il y a une porte qui donne accès à l’arrière. Là, sur la terrasse, je remarque huit pots de fleurs massifs, de style grec, avec de grandes anses sculptées. Quatre de chaque côté de l’entrée. Ses mots résonnent encore dans ma tête : « le troisième à droite ».
Je m’approche des pots, mes yeux détaillant chaque détail, mes doigts explorant chaque creux. Rien ne saute aux yeux. Puis, en effleurant l’anse du troisième pot, je sens une irrégularité, un objet dissimulé. Une clé, nichée dans le creux. Mon cœur s’emballe. Mes doigts la saisissent avec précaution, et je lève les yeux vers le ciel.
J’avance. Un instant d’hésitation me traverse. Puis, déterminée, je m’avance clé en main. Le métal glisse dans la serrure avec une facilité troublante. Un déclic résonne. La porte s’entrouvre légèrement, grinçant comme si elle n’avait pas été utilisée depuis longtemps. Je toque doucement, un geste instinctif, comme pour m’assurer que je ne dérange pas une présence. Le silence me répond, épais et lourd. Inspirant profondément, je pousse la porte et franchis le seuil.
L’intérieur me frappe d’emblée : l’air stagnant, chargé d’une odeur de renfermé, et une lumière diffuse qui éclaire à peine les contours de la pièce. Tout semble figé dans le temps, comme si la maison avait été abandonnée au milieu d’un instant de vie. Mes pas résonnent légèrement sur le parquet, chaque son amplifié par le silence oppressant. Je me tiens immobile un instant, laissant mes yeux s’habituer à l’obscurité, puis avance prudemment, consciente de l’intrusion, mais mue par une curiosité irrépressible. J’avance à pas mesurés, mes chaussures crissant légèrement sur le sol. Les rideaux tirés laissent entrer une lumière diffuse. Je cherche le bureau, et je le trouve sans mal. Des piles de dossiers et de papiers envahissent chaque surface. Une véritable caverne de travail, laissée en suspens.
Mes mains se posent sur les tiroirs, que j’ouvre un à un. Le premier ne contient que des factures et des documents administratifs. Le deuxième, des carnets de notes. Puis le troisième attire mon attention. Sur la chemise cartonnée se trouve l’article qui m’obsède, celui sur ma maison. Mon souffle s’accélère. Je prends le dossier, le serre contre moi, et sors de la maison, refermant la porte à clé et remettant la clé exactement là où je l’ai trouvée.
Le dossier entre mes mains me procure un mélange d’excitation et d’appréhension. Enfin, des réponses. Ou du moins, je l’espère. Je marche tranquillement jusque chez moi, l’esprit bouillonnant d’hypothèses.
Une fois rentrée, je dépose le dossier sur la table du salon. Mon ventre me lance légèrement, et une envie pressante me pousse à me diriger vers les toilettes. Assise sur la cuvette, je me soulage, mais une sensation inhabituelle m’interpelle. Je baisse les yeux, et mon souffle se coupe à la vue de résidus gluants qui s’écoulent encore de mon vagin. Le liquide, translucide et filandreux, me rappelle étrangement celui observé ce matin.
Je me relève, nettoie rapidement et murmure pour moi-même :
— Lundi, il faut que je prenne rendez-vous chez ma gynécologue.
L’idée de ce liquide, de ces traces et de ces sensations inexplicables ne me quitte pas. Mais avant tout, ce dossier m’attend. Peut-être contient-il des réponses… ou de nouvelles questions.
Je sens une lourdeur m’envahir, une fatigue tenace. Je m’allonge sur le canapé, juste pour quelques minutes, me dis-je. Mes paupières se ferment malgré moi, et le sommeil m’emporte rapidement, profond et sans rêve.
***
À mon réveil, la lumière du jour a disparu, remplacée par une lueur tamisée dans la pièce. Et elle est là. Assise dans le fauteuil face à moi, le dossier entre les mains, qu’elle feuillette lentement.
Je la regarde, encore engourdie par le sommeil, mais heureuse de sa présence. Un sourire me vient malgré la confusion du moment.
— Bonjour, dis-je, la voix encore marquée par la torpeur.
Elle lève les yeux vers moi, un sourire discret sur les lèvres, un éclat amusé dans son regard.
— Plutôt bonsoir, répond-elle calmement, refermant le dossier avec une certaine douceur.
Je me redresse lentement, encore engourdie, tandis que ses mots résonnent doucement dans l’air. Mon regard se tourne vers la fenêtre, où la nuit a complètement enveloppé la maison.
— Bon sang, mais quelle heure est-il ? demandé-je, surprise par l’obscurité.
— Vingt heures, répond-elle calmement, le dossier toujours posé sur ses genoux.
— Déjà ? « J’ai dormi toute la journée ? » demandai-je, confus et gêné.
Elle sourit légèrement, un éclat tendre dans son regard.
— Je ne sais pas, je suis arrivée il n’y a pas très longtemps. Tu dormais profondément, et je n’ai pas voulu te réveiller.
Ses mots me rassurent, même si je ressens un étrange flottement. Toute une journée envolée, comme si le temps m’avait échappé. Je m’adosse au canapé, une main passant machinalement dans mes cheveux.
Elle me sourit, puis déclare :
— J’ai faim. En posant le dossier sur la table.
— Moi aussi, réponds-je en posant le dossier sur la table.
— Ok, je commande des plats coréens.
— Oh oui, prends-moi aussi des tempuras aux crevettes.
— Ça marche, ma belle, dit-elle avec un clin d’œil avant de saisir son téléphone.
Le livreur ne tarde pas. Cette fois-ci, il a été rapide. Nous nous installons dans la cuisine, les plats disposés devant nous. L’odeur alléchante remplit la pièce, mais mon esprit reste un peu ailleurs. Nous mangeons en silence un moment, jusqu’à ce qu’elle me fixe, son expression marquant une pointe de curiosité.
— Tu n’as pas l’air en forme, lâche-t-elle.
— J’ai mal dormi cette nuit.
— Ahh…
Elle prend une bouchée, attendant que je développe. Je soupire légèrement avant de répondre.
— En plus, il m’arrive des trucs bizarres.
Elle fronce les sourcils.
— Ah bon ? Comme quoi ?
Je détourne les yeux, un peu gênée, jouant avec mes baguettes.
— C’est… un peu embarrassant.
— Dis-moi, insiste-t-elle, visiblement intriguée.
Je prends une inspiration.
— Ce matin, j’avais des courbatures et des douleurs au ventre.
— Et là, tu vas mieux ?
— — Oui, ça va, mais… le truc vraiment bizarre, c’est cette substance gluante qui est sortie de mon vagin.
Ses baguettes s’arrêtent en plein vol, et elle me fixe avec des yeux ronds.
— Quoi ?
— — Je ne sais pas comment te l’expliquer, mais ce matin, une bonne poignée de cette matière s’est écoulée de… ma chatte.
Elle éclate de rire, couvrant sa bouche avec sa main.
— Ce n’est pas drôle ! dis-je, agacée.
— Désolée… c’est juste… inattendu. Sérieusement, c’est quoi cette substance ?
Je prends une autre bouchée, mâchant lentement avant de répondre.
— Je crois qu’on m’a… pénétrée cette nuit.
Elle repose ses baguettes, son visage passant instantanément de l’amusement à la perplexité.
— Comment ça ?
— Je ne sais pas comment l’expliquer.
Un silence s’installe entre nous, et je sens ses pensées tourner. Elle me scrute, visiblement troublée, mais ne dit rien. Nous continuons de manger, chacune plongée dans ses réflexions.
Finalement, elle brise le silence :
— Écoute, cette nuit, je dors avec toi.
— Je relève la tête, surprise.
— Et ton mari ?
— Aucun souci. Il va à sa soirée poker chez ses amis. Alors, on sera tranquilles, juste toi et moi.
Je la regarde, touchée par sa proposition.
— Merci, dis-je simplement, un sourire naissant sur mes lèvres.
Elle me sourit en retour, et pour la première fois de la journée, je ressens une lueur de soulagement. Peut-être qu’à deux, cette nuit sera différente.
Elle prend mes mains dans les siennes, les serres avec une force rassurante. Ce simple geste me fait du bien. Sa présence apaise cette tension sourde qui s’accroche à moi depuis plusieurs jours.
Nous montons les marches en silence pour rejoindre ma chambre. Je lui tends l’un de mes pyjamas, un vêtement simple, mais un peu trop ajusté pour elle, surtout avec sa poitrine généreuse. Elle le passe sans mot dire, tirant légèrement sur le tissu qui semble prêt à céder.
De mon côté, je retire mes vêtements, prête à enfiler ma chemisette, lorsque sa voix, soudain tendue, m’interrompt.
— Attends, dit-elle, un mélange d’inquiétude et d’angoisse dans le ton.
Je me fige.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Elle montre du doigt mes jambes.
— C’est quoi, ces marques ?
Je me tourne vers le miroir, et ce que je vois me trouble. Des lignes rouges serpentent désormais sur mes deux jambes, montant jusqu’à mes cuisses. Elles semblent s’être intensifiées depuis ce matin.
— Non, t’inquiète, dis-je en essayant de minimiser. Je dois faire une allergie à quelque chose. Ça va, je n’ai pas mal.
Elle me dévisage, sceptique, avant de répondre :
— Ok, si tu le dis. Mais tu devrais consulter.
Je hoche la tête sans vraiment y croire et termine de me changer. Ferme le dressing. Nous nous glissons sous les draps et, instinctivement, je m’enroule autour d’elle, cherchant la chaleur et le réconfort de son corps. Mes bras autour d’elle, mes lèvres effleurent son cou.
— Merci d’être là, murmuré-je.
Elle ne répond pas. Son souffle devient régulier. Elle s’est déjà endormie.
Je reste allongée un moment, les yeux ouverts, incapables de trouver le sommeil. Son calme m’envie, mais je sens l’agitation tourner en boucle dans ma tête. Je glisse une main sous le haut de son pyjama, caressant doucement sa poitrine. Mes doigts jouent avec l’un de ses tétons, comme un geste apaisant, un refuge tactile pour calmer mes pensées. Pourtant, rien n’y fait.
Le sommeil me fuit.
***
À contrecœur, je me redresse et quitte la chambre sur la pointe des pieds. Le silence de la maison m’enveloppe alors que je descends jusqu’au salon. Là, je récupère le dossier posé sur la table. Il est étonnamment maigre, seulement quelques pages rassemblées. Je m’assois dans le canapé et commence à lire.
En tournant la première page, mes yeux s’arrêtent sur l’article en question. La page manquante :
Auburn, 5 novembre 2014 – L'inquiétude grandit dans notre petite communauté à la suite de la disparition inexpliquée de Mlle Clara Evans, 29 ans, une résidente appréciée du quartier résidentiel des Lilas. La jeune femme n'a plus donné signe de vie depuis le week-end dernier, et la seule chose que les enquêteurs ont trouvée dans sa maison est des traces mystérieuses de gélatine transparente dans sa chambre. Aucun autre indice n’a permis pour l’instant d'expliquer cette disparition.
Clara, jeune enseignante au lycée de Auburn, était bien connue pour sa gentillesse et son dévouement. Selon ses amis et ses collègues, rien ne laissait présager un départ précipité ou volontaire. Le lieutenant Jean-Paul Marchand, chargé de l'enquête, a confirmé que la maison de la jeune femme était entièrement en ordre et que rien ne semblait indiquer une lutte ou une intrusion. Cependant, ces mystérieuses traces de gélatine ont laissé les enquêteurs perplexes.
"Nous avons envoyé des échantillons de cette substance au laboratoire pour analyse," a déclaré le lieutenant Marchand. "À ce stade, nous n'avons aucune hypothèse solide quant à la nature de cette matière ni à son origine."
Les voisins de Mlle Evans sont eux aussi sous le choc et font part de leur inquiétude. Certains disent avoir remarqué des bruits étranges, comme un bourdonnement, dans la nuit précédant sa disparition, mais ils ont supposé que cela venait des systèmes de ventilation.
Depuis le début de l'enquête, les autorités locales ont demandé à la population de rester vigilante et de signaler toute information susceptible d’aider les enquêteurs. Une ligne téléphonique spéciale a été ouverte pour recueillir les témoignages de toute personne qui aurait vu ou entendu quelque chose d'inhabituel dans le secteur des Lilas.
Le mystère reste entier et laisse la communauté dans l’expectative. Clara Evans est décrite comme une jeune femme aimante, discrète et appréciée de tous. Sa disparition soudaine, avec si peu de pistes pour les enquêteurs, ajoute une dimension particulièrement déroutante à cette affaire.
Les résidents d’Auburn espèrent que les prochains jours apporteront des réponses à ce mystère troublant. En attendant, les pensées de tout le quartier sont avec la famille de Mlle Evans, qui garde l'espoir de la retrouver saine et sauve.
Les autorités locales recommandent à chacun de redoubler de vigilance, en rappelant que toute information, même minime, pourrait aider à résoudre cette énigme.
Rien de concret dans l’article. Les informations sont maigres, dispersées, sans révéler grand-chose. Frustrée, je referme le dossier. Je ne suis pas plus avancée. Un soupir m’échappe, et je décide de préparer une infusion à la camomille pour tenter de calmer mes nerfs et m’aider à trouver le sommeil.
Le silence règne dans la maison, presque apaisant, jusqu’à ce que je l’entende. Un bourdonnement, léger, mais constant, qui rompt l’atmosphère paisible. Mon cœur se serre légèrement. Je pose ma tasse, tendant l’oreille pour localiser la source. Le bruit semble provenir de l’étage.
Je monte lentement les marches, mes pieds effleurant à peine le bois, évitant de produire le moindre son. Le bourdonnement devient un peu plus distinct à mesure que je m’approche. Arrivée devant la porte de ma chambre, je colle mon oreille contre le bois. Le bruit vient de l’intérieur. Léger, presque imperceptible, mais bien réel.
Mes doigts effleurent la poignée. Je l’abaisse avec précaution, l’ouvrant doucement pour ne pas faire de bruit.
L’obscurité règne dans la pièce. La lumière de la lune filtre à travers les rideaux, dessinant des ombres incertaines sur les murs. Suzanne est allongée sur le lit. Au premier coup d’œil, elle semble simplement dormir, mais son corps bouge légèrement. Un détail m’interpelle.
Ses jambes suivent des mouvements étranges, une ondulation répétée, régulière, comme si quelque chose les guidait. Une vague lente traverse son corps, de ses cuisses à ses mollets. Je plisse les yeux, fixant la pénombre, mais les contours restent flous. Mon cœur bat plus vite. Ce que je vois, ou plutôt ce que je devine m’inquiètent.
Je distingue des mouvements supplémentaires, indépendants des siens. Elle semble se mouvoir le long de ses jambes, remontant doucement, presque comme un souffle qui glisserait sur sa peau. Une sueur froide parcourt ma nuque. Quelque chose ne va pas. Ce mouvement-là ne devrait pas être là.
Suzanne gémit légèrement, sa tête bouge de gauche à droite, comme si elle était coincée entre le rêve et l’éveil. Ses mains restent immobiles, mais ce sont ses jambes qui attirent mon attention, ondulant sous le drap dans un rythme hypnotique. Un frisson me traverse.
Je reste figée sur le seuil, mon esprit hésitant entre entrer ou fuir. Ce que je ressens n’a rien de rationnel. Mon ventre se noue, mes mains tremblent légèrement. Le bourdonnement faiblement audible continue de vibrer dans l’air, omniprésent, comme un fond sonore venu d’ailleurs.
Je serre les poings, réunissant tout mon courage. Il faut que je comprenne. Tant pis si je vais la réveiller. Ma main glisse vers l’interrupteur. D’un geste rapide, j’appuie, et la lumière éclate dans la pièce.
La scène qui se dévoile devant moi me glace instantanément.
Mon souffle se coupe, mes jambes restent figées au seuil de la porte. Suzanne est allongée sur mon lit, son corps semble inerte, mais ses jambes… Elles sont écartées, maintenues par des formes mouvantes. Mon cerveau met quelques secondes à traiter ce que mes yeux perçoivent : ce ne sont pas des serpents. Non. Ce sont des tentacules. Visqueux, ils s’enroulent autour de ses cuisses et de ses mollets, comme des liens vivants qui la maintiennent. Un troisième tentacule, plus gros, mais plus mobile, glisse le long du corps inerte de Suzanne, remontant lentement jusqu’à ses cuisses. Le mouvement est fluide, ondulant comme une vague qui avance inexorablement. Mon souffle se bloque alors que je réalise l’intention de cette chose : explorer, s’immiscer, envahir mon amie.
Le bourdonnement s’intensifie dans la pièce, résonnant comme un murmure qui s’épaissit, emplissant l’air d’une lourdeur oppressante. Suzanne gémit faiblement, son corps oscillant lorsqu’elle s’introduit en elle. Ses yeux restent fermés, son visage toujours paisible, comme plongé dans un profond sommeil, inconscient du danger qui l’entoure.
Je ne peux détourner les yeux de cette scène grotesque. Ces tentacules ne viennent pas d’elle… non, ils sortent du placard. La porte, grande ouverte, révèle le miroir transformé. La partie réfléchissante a disparu, remplacée par une brume épaisse et sombre. Un portail, si l’on peut appeler ça ainsi, d’où ces choses semblent jaillir.
Les tentacules, glissants et sinueux sur le sol, semblent animés d’une intelligence propre. Ils ondulent méthodiquement, comme s’ils exploraient les lieux. Une partie de moi hurle de m’approcher, de la réveiller, de la tirer hors de cette emprise monstrueuse. Une autre, plus primitive, plus instinctive, me dit de fuir, de me sauver tant que j’en ai encore la possibilité.
Puis un mouvement attire mon attention. Un nouveau tentacule émerge lentement du miroir transformé, fin, rapide. Son extrémité, arrondie, oscille légèrement, comme si elle sondait l’air, cherchant une nouvelle cible. Je déglutis difficilement, incapable de bouger. Mon cœur bat à un rythme effréné. Mes pensées se brouillent, mais une chose reste claire : je ne suis pas seule dans cette pièce. Et cette… chose m’a sentie.
— Non, non, non ! murmuré-je, reculant précipitamment.
Avant que je ne puisse atteindre le couloir, un tentacule glisse au sol, laissant une traînée visqueuse derrière elle, et s’élance vers moi. Il s’enroule autour de ma cheville, sa surface visqueuse laissant un sentiment froid et désagréable sur ma peau. Je perds l’équilibre tombant lourdement sur le parquet, tentant désespérément de me dégager.
Rapidement sort de la brume un autre tentacule qui serpente rapidement jusqu’à mon autre jambe, l’enserrant avec force. Mon esprit reste conscient, mais mes muscles refusent de répondre. Comme paralysé, endormi. Mes mains cherchent à agripper ces appendices pour me dégager, mais la surface visqueuse me glisse entre les doigts.
Je hurle, cette fois avec toute l’énergie qu’il me reste, un cri venu du fond de mes entrailles, chargé d’un mélange de peur et de désespoir. Mon cri résonne à peine dans la pièce, étouffé par le bourdonnement qui envahit tout.
Mais avant que le son ne puisse s’amplifier, un des appendices jaillit du portail et se précipite vers mon visage. En une fraction de seconde, il s’enroule autour de ma mâchoire et force son entrée. Je tente de fermer la bouche, de résister, mais il s’infiltre avec une précision terrifiante.
Il s’infiltre dans ma gorge, tranchant net tout son. Je suffoque, mes yeux s’écarquillent, la panique grimpe en flèche. L’air manque, et je ne peux plus crier, ni même protester.
Chaque fibre de mon être lutte, mon esprit hurle intérieurement, mais mon corps refuse de m’obéir. Les tentacules qui enserrent mes jambes m’immobilisent complètement, tandis que cette nouvelle intrusion me paralyse davantage.
La sensation est étrangère, presque insupportable. Le froid visqueux de cette chose envahit ma gorge, et le bourdonnement semble se transférer directement dans ma tête, comme si cette créature essayait de communiquer, de s’infiltrer non seulement dans mon corps, mais dans mon esprit.
Des larmes coulent sur mes joues, incontrôlées, mêlées à la terreur et à la frustration de mon impuissance. Mes pensées sont confuses. Ma conscience oscille entre des lucidités et une étrange torpeur.
Le portail brumeux pulse encore, et je sens d’autres mouvements dans la pièce.
Les tentacules me tirant lentement vers l’ouverture brumeuse du miroir. Mon cœur bat à tout rompre, mon esprit lutte pour comprendre ce qui se passe. Dans un dernier élan de courage, je tends la main vers le bord du lit, espérant m’y accrocher, mais la force qui m’entraîne est implacable. Mon regard croise celui de Suzanne, toujours allongée. Son visage est paisible, comme si elle dormait profondément, totalement inconsciente de ce qui se passe.
Je tourne la tête vers la brume sombre, qui semble s’agiter, vibrer, comme si elle réagissait à ma présence. Un nouvel appendice émerge lentement du portail. Sa forme diffère des tentacules précédents. Plus étrange encore, sa surface luisante est segmentée en plusieurs sphères, de tailles croissantes. Chaque sphère semble légèrement s’élargir, puis se rétrécir, dans un mouvement d'oscillation. Une terreur viscérale m’envahit.
— Non… murmuré-je, les larmes brouillant ma vision.
Mes jambes s’écartent contre ma volonté. Je sens une présence étrangère, glissante sur ma peau, froide, qui s’approche lentement de moi. Mon esprit s’embrouille entre la peur et une incompréhension totale. Cette chose, cette entité, se fraye un chemin le long de mes cuisses, avançant. Un frisson parcourt tout mon corps en sentant la première sphère s’introduire dans ma chatte. Je sens le diamètre qui oscille, à chaque oscillation. Un mélange de sensations contradictoires m'envahit, entre de la panique et du plaisir. Je sens le déversement d’une substance en moi, surement ce fluide visqueux. Puis les oscillations reprennent et un une poussée de l’appendice. « Oups » ! J’ai eu un spasme quand la deuxième sphère est entrée.
Chaque pulsation de cette présence étrangère résonne dans mon corps, comme un écho sourd qui monte et descend en vagues irrégulières. Une sensation étrange s’installe, mélange d’excitation nerveuse et de terreur brute, comme si je vivais une montagne russe émotionnelle. Je sens qu’elle déverse en moi de nouveau son fluide visqueux. Une poussée plus forte survient, inattendue, car je crois que deux sphères sont entrées à la suite de l’autre.
Une vague d’intensité incontrôlable m’a traversée, secouant tout mon corps, comme si une décharge électrique pulsait à travers chaque nerf. Mon esprit a vacillé sous l’assaut des sensations, franchissant un seuil que je ne pensais pas possible. L’explosion de cette expérience, entre terreur et abandon, m’a submergée totalement. Incapable de lutter contre la force qui m’habitait, j’ai sombré dans l’inconscience, comme si mon esprit avait décidé de fuir là où mon corps ne le pouvait pas.
Suzanne est toujours étendue sur le lit. Elle ne bouge pas, son visage paisible, figé dans un sommeil qui ressemble à un état d'abandon total. Les tentacules, comme des ombres mouvantes se retirent finalement d’elle, se déplaçant avec fluidité et une précision inquiétante. Ces choses se détournent d’elle et s’approchent de moi. Mon corps, étendu et privé de conscience, est à leur merci, exposé et impuissant. Les appendices visqueux s’enroulent autour de mes bras, les tirant doucement pour les immobiliser. Un autre tentacule soutient ma tête avec précision, comme si cette entité avait une conscience propre.
Je suis soulevée du sol, mon corps suspendu dans l’air, retenu par cette la force des tentacules. Les mouvements des tentacules sont fluides, étrangement coordonnés, et je me sens transportée vers le portail brumeux. Le portail me consume lentement, chaque partie de mon corps disparaissant dans cette brume dense et vivante. Je traverse cet espace inconnu, sans conscience de mon environnement, totalement à la merci de ce qui me tient captive. Ma chambre, ma maison... tout disparaît derrière moi. Je me retrouve toujours inconsciente de l’autre côté du miroir, ne sachant pas où je me trouve et ce qui m’arrive.
***
Au matin, Suzanne ouvre les yeux, déboussolée, seule dans le grand lit. Une lourdeur pèse sur son corps, des courbatures remontent le long de ses jambes, et une douleur sourde lui serre le ventre. Elle tente de se lever, mais un vertige la force à se rasseoir sur le bord du lit.
— Sanaa ? Sanaa !
Sa voix tremble en appelant son amie, mais le silence règne dans la maison. Aucune réponse. L’angoisse monte en elle. Suzanne se redresse lentement et sent une étrange matière couler le long de ses jambes. Elle baisse les yeux et découvre une substance gélatineuse qui s’écoule lentement sur le sol. Un frisson glacé traverse son corps.
Les larmes montent à ses yeux. Quelque chose de terriblement anormal s’est passé cette nuit, elle le sait. Mais quoi ? Elle n’a aucun souvenir précis. Tout lui semble flou, comme si son esprit refusait de combler les trous.
La panique gagne du terrain. Suzanne se dirige vers la salle de bain, cherche des indices, inspecte la chambre de fond en comble, mais elle ne trouve rien. Aucune trace de Sanaa, aucune explication. Elle descend lentement les escaliers, les jambes flageolantes, l’esprit embrumé par l’inquiétude et la confusion.
Lorsqu’elle sort dans le jardin, la lumière vive du matin l’aveugle un instant. L’air frais l’accueille, mais ne la réconforte pas. Alors qu’elle avance sur la pelouse, une nausée soudaine la submerge. Son corps lâche, et elle s’effondre, inconsciente.
Alertés par la scène, les voisins accourent. L’un d’eux appelle les pompiers, et rapidement, une ambulance arrive, suivie de près par une voiture de police. Suzanne, toujours inconsciente, est transportée aux urgences, tandis que les forces de l’ordre entrent dans la maison pour chercher des indices.
Le lendemain, un journaliste du coin, intrigué par cette affaire étrange, publie un article troublant :
Étrange Coïncidence : Une Disparition identique en 2014 refait Surface dans l’Affaire Evans
Auburn, 12 novembre 2024 – aujourd’hui, Sanaa, décrite par ses proches comme discrète et chaleureuse, disparaît soudainement. Un élément inquiétant émerge dans l'enquête sur cette disparition : une affaire mystérieusement similaire à secouer notre ville il y a dix ans, en 2014, dans la même demeure située dans le quartier des Lilas. À l'époque, c'est Clara Evans, enseignante dans la région, qui disparaît dans des circonstances troublantes, laissant derrière elle une scène étrangement semblable.
Comme pour Clara Evans, les enquêteurs n'avaient trouvé aucun indice tangible dans la maison, hormis une étrange substance gélatineuse et transparente répandue sur le sol de sa chambre. Ce point commun entre les deux affaires a ravivé les souvenirs chez ceux qui se souviennent de la frayeur que cet événement avait provoquée à l'époque.
Aujourd’hui, Suzanne Leroy, voisine de Sanaa, se retrouve mêlée à l’affaire. Bien qu'amnésique quant aux événements précis de cette nuit-là, Suzanne est retrouvée dans un état de choc avancé, portant des traces de sévices de nature inconnue. Selon les médecins, elle semble subir un traumatisme psychologique et physique important, mais aucun indice concret ne peut être tiré de son témoignage. Malgré plusieurs séances avec des experts en traumatologie, Suzanne ne parvient pas à se souvenir de ce qu’elle voit ou vit ce soir-là, et son état mystérieux ajoute une aura encore plus sombre autour de l’affaire.
" C'est comme si j'avais un grand trou noir dans ma mémoire," confie-t-elle à ses proches, qui l’encouragent à essayer de se rappeler. "Mais je sais, au fond de moi, que quelque chose de terrible est arrivé cette nuit-là."
À la suite de la disparition de Clara Evans en 2014, la substance gélatineuse trouvée dans la chambre est envoyée en laboratoire, mais les résultats ne révèlent que des caractéristiques inconnues, sans permettre d’en déterminer la nature exacte. Un rapport de l'époque indique que cette matière possède des propriétés légèrement phosphorescentes, mais aucun lien avec des substances connues ne peut être établi.
Avec la disparition récente de Sanaa, les enquêteurs examinent désormais les dossiers de l'affaire Clara Evans pour comprendre si un lien peut être établi. La police relance l’analyse de la substance retrouvée dans la chambre, espérant que les avancées scientifiques des dernières années pourront offrir de nouveaux indices.
Les habitants du quartier vivent désormais dans l’angoisse. Plusieurs voisins, qui connaissent Clara et Sanaa, redoutent de voir se répéter une situation aussi troublante.
L’affaire des Lilas prend une tournure de plus en plus étrange et inexplicable. La réouverture de l'enquête sur la disparition de Clara Evans, et la nouvelle analyse des preuves, pourraient-elles enfin percer le mystère qui entoure cette maison et ces disparitions ?
Les autorités encouragent tout témoin ou toute personne détenant des informations à se manifester, même si des années se sont écoulées.
Le mystère reste entier, mais une chose est sûre : Auburn tremble devant cette énigme glaçante qui s’étend sur une décennie.
Suzanne mit des années à se reconstruire. Malgré les efforts des médecins et des thérapeutes, une part d’elle resta enfermée dans une nuit qu’elle ne parvint jamais à comprendre ni à se souvenir pleinement. Elle se replongea dans la peinture, mais ses œuvres ne furent plus jamais les mêmes. Des toiles sombres, envahies de formes mouvantes et sinueuses, des tentacules qui semblaient surgir d’une obscurité sans fin, devinrent son unique sujet. Elle-même ignorait pourquoi son esprit revenait inlassablement à ces images, mais elles s’imposaient à elle, comme une obsession qu’elle ne pouvait repousser.
Quant à Sanaa, elle ne réapparut jamais. Pas une trace, pas un indice, pas même un souvenir clair dans l’esprit de Suzanne pour expliquer sa disparition. Sanaa semblait avoir été effacée, avalée par l’invisible, emportée par ce portail qu’aucun témoin ne pourrait jamais confirmer.
La maison, laissée à l’abandon, devint un objet de crainte et de rumeurs dans tout Auburn. Les voisins évitèrent d’en parler, mais personne n’osa y poser un pied. Avec le temps, les murs se fissurèrent, la toiture s’effondra par endroits, et la nature reprit ses droits, recouvrant peu à peu l’entrée d’un lierre envahissant.
Certains habitants murmurèrent que la maison était maudite. D’autres, qu’elle était hantée par les âmes perdues de celles qui avaient disparu entre ses murs. À la tombée de la nuit, les enfants osaient à peine passer devant, et les rares témoins qui s’aventurèrent trop près racontèrent avoir entendu des murmures, comme un écho venu d’un autre monde.
La demeure, autrefois pleine de vie, devint une ombre, un rappel inquiétant des mystères qu’Auburn préférait oublier.
***
Je me réveille lentement, le ciel autour de moi teinté d’un ocre irréel. Mon esprit lutte pour comprendre ce que je vois. Je flotte dans un vide oppressant, maintenue par des appendices qui serpentent autour de mes bras et de mes jambes. Une sensation étrangère persiste en moi, au fond de mon vagin. J’ai encore cet appendice composé de plusieurs sphères en moi. Mon corps ne réagit pas, engourdi, comme anesthésier.
J’observe le paysage qui s’étend devant moi, étranger et irréel. Des dunes ocre ondulent à perte de vue, créant un horizon infini, monotone, dépourvu de toute trace de vie. Pas un seul arbre, pas un brin d’herbe. Rien. L’air est lourd, étrangement silencieux. Je lève les yeux, espérant y trouver un indice, une explication. Trois soleils pâles trônent dans le ciel, disposés en un triangle parfait. Leur lumière diffuse teinte tout de nuances rouges et ocres, sans jamais projeter d’ombres nettes. Leur étrange formation perturbe mes repères. Où suis-je ? La question tourne en boucle dans mon esprit, sans trouver de réponse.
En baissant le regard, je découvre que je suis suspendue à plusieurs mètres du sol. En dessous, des ossements blanchis s’entassent, épars dans les dunes. Une peur glaciale envahit mon esprit lorsque je remarque des restes de vêtements parmi ces squelettes. L’un d’eux semble étrangement familier, ressemblant à la tenue que Clara portait sur la photo du journal.
La panique me gagne, mais mon corps reste immobile, prisonnier de ces tentacules. Mon souffle se coupe, ma gorge se serre, incapable de crier. Je détourne les yeux des cadavres, cherchant désespérément un indice, un repère, quelque chose qui pourrait m’aider à comprendre.
Soudain, je sens une secousse, et mon corps est tiré vers le haut, soulevé. L’appendice aux multiples sphères qui c’était introduit dans ma chatte relâche lentement son emprise. Un soulagement immédiat s’installe dans mon ventre, léger, mais encore perturbant. Une grosse quantité de substance visqueuse s’échappant de ma chatte, glisse le long de mes jambes et tombe dans le vide, puis le sol. Les tentacules me font tourner lentement, me maintenant immobile avec mes bras et mes jambes. Je me retrouve face à une entité massive, flottant dans l’air. Elle ressemble à un calamar géant, ses tentacules ondulant autour d’elle dans une danse étrange et hypnotique. Elle m’observe — ou du moins je le ressens — même si je ne distingue aucun œil.
Un frisson glacial parcourt mon échine. Je veux crier, hurler, m’échapper, mais je suis impuissante, coincée dans cette toile surnaturelle. Les vibrations autour de moi s’intensifient, résonnant dans l’air et dans mon esprit, comme si cette créature tentait de communiquer.
Je détourne les yeux de cette entité, cherchant désespérément une échappatoire. Mais l’étendue désertique semble infinie, et la brume ocre qui recouvre l’horizon n’offre aucun espoir.
Mes pensées s’embrouillent, et une seule certitude m’envahit : je ne suis plus dans mon monde. Je suis prise, capturée, à la merci de cette créature silencieuse et omniprésente.

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