NOUVELLES EROTIQUES Tome 2 (2025)
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7 - J’ai suivi le chemin de son jardin secret
Elle est là, assise seule à une table, dans l’ombre. Je ne distingue d’abord que les longs doigts de sa main, graciles et pâles, effleurant distraitement le verre devant elle. Les manches de son chemisier dissimulent le début d’un tatouage. Son visage se détache lentement de la pénombre lorsqu’elle porte son verre à ses lèvres. Ses traits sont fins. Son regard, lui, semble absent, perdu quelque part loin d’ici.
Une partie de son visage dans l’obscurité, découpée par une ligne de lumière qui trace sur elle une frontière invisible. On dirait un masque. Le contraste est saisissant entre la blancheur de sa peau et la profondeur sombre de la salle.
Nos regards se croisent. Le sien me traverse. Profond, insondable.
Elle soupira. Quelle semaine de travail… Enfin, je peux souffler, se dit-elle.
Ce boulot de commercial m’épuise. Courir sans cesse après les clients, les affaires, et ces fichus logisticiens incapables de respecter les délais… Et, au final, qui doit réparer les dégâts ? Moi. Toujours moi. Bibi.
Bref.
Je saisis mon verre, le porte à mes lèvres. La première gorgée me donne des frissons. Toujours aussi bon, ce cocktail. Ça me détend. Ça me relâche.
Enfin, un moment à moi. Demain, je dors. Pas de réveil. Juste un bon lit, bien chaud.
Mon regard se perd dans la salle… puis s’arrête. Lui. Il me fixe. Pourquoi celui-là me regarde comme ça ? Il veut quoi ? Une photo ?
Merde… elle m’a vue. C’est sûr, je n’ai pas été très discret. J’appelle la serveuse, glisse un billet de cent dans sa main.
Il règle l’addition d’un geste calme, presque nonchalant.
Il va partir, enfin. Ce voyeur.
Oh… joli portefeuille. Bien garni, à en juger par la liasse qu’il sort.
La musique étouffée, les rires au fond de la salle… tout devient lointain. Le temps se suspend un instant, comme si l’air lui-même retenait son souffle.
Puis la serveuse réapparaît, un verre à la main. Le mien est presque vide, mais je n’ai rien commandé.
Je la regarde, intriguée. Elle me sourit, d’un air complice, presque amusé :
— C’est de la part de monsieur.
Je baisse les yeux vers le verre. Les glaçons s’entrechoquent doucement, un léger parfum d’alcool sucré s’en échappe.
Je relève la tête. Et je le sens, encore là, son regard, posé sur moi.
Il me fixe, un léger sourire aux lèvres, et lève son verre vers moi pour trinquer. Par politesse — ou peut-être par curiosité — je tends le mien, un sourire au coin des lèvres.
Un dragueur à l’ancienne. Le genre qui croit encore que le charme passe par un regard et un verre offert. Je me cale au fond du siège, jusqu’à disparaître presque dans l’ombre de la pièce.
Et je l’observe. Il doit avoir la quarantaine. Pas si mal, finalement. Bien habillé, même. Il dégage quelque chose… un petit charme discret, sûr de lui sans en avoir l’air.
Il baisse les yeux vers sa montre. Oh — on dirait une marque. Une belle, même.
Bon… je vais y aller. Apparemment, mon petit coup de charme est tombé à l’eau. Elle s’est repliée sur elle-même, disparaissant presque dans son ombre. Tant pis. J’y vais.
Merde, il se lève, attrape ses affaires. Il va partir, ce con. Un regard, un verre… et il me plante déjà ? C’est pas possible.
Il me passe devant sans même me jeter un regard. Moi aussi, faut dire… quelle idée de rester cachée dans l’ombre. Voilà un autre week-end passé seul, à me tourner en rond. Si ça continue, je vais devenir vieille fille à force de me masturber en solitaire.
Et puis zut. Il avait l’air correct. Je me lève et le rattrape de justesse sur le pas de la porte du bar.
Oh… je rêve, ou elle vient de courir vers moi ?
Waouh. Pas mal. Grande, mince, élégante. Un tailleur qui lui va parfaitement, des talons qui claquent sur le sol.
Je relève la tête — nos regards se croisent.
Elle se pince les lèvres, comme si elle hésitait à parler, incertaine, suspendues entre l’envie d’avancer et la peur de trop en dire.
— Pardon…
Sa voix tremble légèrement, mais son regard reste fixe.
— Oui ? Je réponds, un peu surpris.
— Vous avez une voiture ?
Je hausse un sourcil.
— Oui, pourquoi ?
Elle inspire, puis lâche d’un ton rapide :
— Vous pourriez peut-être… me déposer quelque part ?
Je la regarde un instant, intrigué.
— Si ça ne vous dérange pas, ajoute-t-elle, plus doucement.
— Non, bien sûr.
Il marche devant moi, sans se retourner, d’un pas tranquille.
Je le suis, hésitante.
Entre nous, le silence s’installe, dense, presque tangible… mais pas gênant. Bon, pour une première approche, on a connu plus subtil, je le reconnais.
On traverse le parking.
Les néons clignotent, dessinant sur le bitume humide des ombres longues et mouvantes. Je marche un peu en retrait, observant sa démarche assurée.
J’espère que je ne fais pas une bêtise. Partir comme ça, avec un inconnu…
Mais il y avait dans sa voix quelque chose d’apaisant.
Il appuie sur le bip de sa voiture.
Un double signal sonore résonne, brisant le silence. Les phares s’allument soudain, déchirant la pénombre du parking. Une belle voiture de sport. Rien que ça
Il m’ouvre la portière avec un léger sourire, presque vieux jeu. Un dragueur à l’ancienne, définitivement.
Restons galants jusqu’au bout.
Je lui ouvre la portière et je la laisse s’installer, puis je contourne la voiture pour prendre place au volant. Le contact est mis, le moteur ronronne doucement, régulier, presque apaisant. Ma main effleure l’écran du GPS pour l’allumer.
La lumière bleutée du GPS éclaire son visage, glissant sur sa peau comme une onde légère.
Sous le col de sa chemise, j’aperçois le début d’un tatouage — une trace d’encre fine, qui s’échappe vers l’invisible. Nos regards se croisent, se retiennent un instant.
— Je vous dépose où ?
Elle se penche légèrement, tendant la main vers la console. La manche de son chemisier glisse le long de son bras, découvrant un tatouage fin et complexe, un entrelacs de lignes et de courbes.
Un dessin hypnotique, sur sa peau.
Son doigt frôle le dos de ma main — un contact à peine perceptible, mais suffisant pour me figer une seconde. Je retire discrètement ma main, feignant de vérifier autre chose sur le tableau de bord.
Elle clique sur l’écran, ouvre les favoris, puis appuie sur l’icône « Home ». Je me fige. Je tourne la tête vers elle. Ses yeux brillent dans la lumière tamisée. Avec un sourire au coin des lèvres, elle me dit :
— C’est là qu’on va ?
Je jette un œil à la destination. C’est mon adresse personnelle. Un sourire m’échappe, malgré moi. Nos regards se croisent à nouveau. Plus longtemps cette fois. Plus profondément.
Son visage est à moitié dans l’ombre, mais ce sourire, ce léger pincement de lèvres, me fait vaciller.
J’accroche ma ceinture. Sans un mot. J’avance. Pendant tout le trajet, le silence s’installe entre nous. Dense. Chargé. Presque électrique.
Nous arrivons dans la cour de sa demeure. Il m’ouvre la portière, avec cette politesse tranquille qu’on ne voit plus. Un vrai gentleman.
L’air est frais, presque silencieux. À travers les grandes baies vitrées, je distingue les lumières chaudes d’un salon spacieux.
À l’intérieur, tout respire l’ordre et le goût. Il me précède, d’un pas sûr, jusqu’à un large bar où brillent quelques bouteilles alignées avec soin.
— Je vous sers un verre ? demande-t-il d’une voix posée.
J’acquiesce d’un simple hochement de tête.
Je m’avance dans la pièce. Le salon est vaste, impeccablement rangé, décoré dans un style minimaliste. Les murs blancs amplifient la lumière douce des lampes. Un grand canapé, d’un blanc laiteux, trône au centre comme une invitation au calme.
Mes doigts effleurent le cuir. La matière est lisse, presque froide. Je suis chaque ligne du meuble du bout des doigts, comme pour apprivoiser les contours de ce lieu qui n’est pas le mien.
Derrière moi, j’entends le tintement du verre contre la bouteille.
L’atmosphère est étrange — calme, feutrée, mais chargée d’une tension sourde, presque imperceptible.
Il s’avance vers moi, un léger sourire aux lèvres.
— Je peux vous débarrasser ?
Ses mains se posent doucement sur mes épaules, glissent le long de mes bras pour m’ôter ma veste de tailleur. Le geste est précis, mesuré, presque cérémonieux.
Puis il prend mon sac, sans un mot, et s’éloigne vers le placard de l’entrée où il range soigneusement mes affaires.
Quand il revient, il tient deux verres entre ses doigts. Le tintement discret du cristal rompt le silence. Il m’en tend un. Nos doigts se frôlent.
Je le prends avec un sourire. Nos regards se croisent à nouveau, comme suspendus dans cette lumière douce qui enveloppe la pièce.
Il lève légèrement son verre. Je l’imite. Les verres s’entrechoquent dans un cliquetis feutré.
On trinque, sans un mot. Juste ce silence, dense, chargé de tout ce qu’aucun de nous n’ose encore dire.
Elle s’avance vers le comptoir et dépose lentement son verre.
Un instant de silence passe, puis elle souffle, un sourire léger aux lèvres :
— Ouh là là… il fait chaud ici, non ?
Elle passe une main sur son cou, repoussant une mèche de cheveux, comme pour chasser la chaleur de la pièce. Puis, d’un geste distrait, elle desserre les deux premiers boutons de sa chemise. Rien d’appuyé. Un simple besoin de confort, mais le mouvement suffit à troubler l’atmosphère.
Son geste est naturel, simple… et pourtant, il change tout dans l’air. Le silence devient plus lourd, le temps semble ralentir, suspendu entre nous.
Je la regarde s’éloigner de quelques pas, son dos tourné vers moi. Elle effleure distraitement le rebord du comptoir du bout des doigts, comme pour s’occuper les mains.
Je m’approche à mon tour, sans vraiment y penser. Elle se retourne lentement, son regard croise le mien. Pendant un instant, il n’y a plus ni mot, ni bruit, ni distance.
Seulement ce face-à-face suspendu, où tout semble possible et risqué à la fois.
— Vous avez une belle maison, dit-elle enfin, d’une voix un peu plus basse.
Je souris.
— Merci… j’aime le calme qu’elle dégage.
Elle hoche la tête, comme si elle comprenait. C’est alors que, à travers son chemisier, j’aperçois la finesse de son soutien-gorge. Mais surtout les lignes courbes et motifs dessinés sur son corps.
Je détourne le regard, mais trop tard : l’image s’est déjà imprimée dans ma mémoire.
— Ça vous plaît ?
Sa voix brise le silence avec douceur, presque un murmure. Je me redresse, pris de court.
— Quoi donc ?
Elle esquisse un sourire, à peine perceptible.
— Ce que vous avez vu.
Ses mots flottent dans l’air, légers et troublants à la fois. Je cherche une réponse, mais elle ne me laisse pas le temps. Elle s’avance d’un pas lent, mesuré, le regard ancré dans le mien. D’un geste sûr, elle défait un bouton, puis un autre. Sa chemise s’ouvre légèrement. Sous le tissu du soutien-gorge, des lignes sombres apparaissent. Révélant l’encre qui serpente sur sa peau. La lumière du salon effleure sa peau, révélant des tracés d’encre qui s’étendent en arabesques fines.
Des lignes et des courbes s’entrelacent comme un langage secret, un souffle d’art et de mystère. C’est à la fois sauvage et maîtrisé, sensuel et presque sacré. Je reste immobile, captif de la beauté silencieuse de ce moment.
Tout semble suspendu — la lumière, le souffle, le temps lui-même.
Elle se rapproche, tout doucement, jusqu’à effacer la distance entre nous. Je sens la chaleur de son corps contre le mien, sa respiration calme, maîtrisée. En apparence.
Mes mains hésitent. Un frisson la traverse alors que mes doigts effleurent sa peau, comme si mes gestes faisaient vibrer quelque chose d’invisible en elle.
Je suis, du bout des doigts, les lignes tracées sur son corps, ces motifs d’encre qui semblent raconter une histoire que je ne comprends pas encore. Mon visage s’incline vers elle, presque instinctivement. Je pose un baiser dans le creux de son cou — simple, retenu. Elle penche doucement la tête, puis tourne le visage vers moi. Son regard s’attarde dans le mien.
Et sans un mot, elle m’embrasse.
Je la serre contre moi, mon front effleurant le sien. Mes mains glissent lentement le long de son dos, effleurant sa peau avec une attention presque silencieuse.
Sous mes doigts, je sens la fine agrafe de son sous-vêtement — discrète, presque timide, nichée au creux de son dos. Je ne brusque rien. Je laisse le moment respirer. Un simple frôlement, un pincement délicat, et l’agrafe cède dans un souffle à peine audible. Le tissu se détache avec lenteur, comme s’il glissait de lui-même dans un mouvement léger.
Elle fait un pas en arrière, sans rompre le lien de nos regards.
Ses bras restent croisés devant elle, retenant encore le tissu — par pudeur, peut-être… ou simplement pour prolonger le moment. Pour jouer avec mes sens.
Puis, dans un geste mesuré, elle recule de deux pas. Ses bras glissent lentement le long de son corps.
Devant moi, elle se tient droite, calme, presque immobile.
Mon regard s’attarde sur cette fleur d’encre, tatouée. Les pétales suivent la courbe de sa poitrine avec une grâce presque naturelle, comme si le dessin avait été pensé pour elle, pour cette forme-là. C’est à la fois doux et audacieux.
Et puis, soudain, j’aperçois un éclat froid dans toute cette douceur :
Une tige fine, métallique, traverse ses tétons, y ajoutant une touche de tension. Un détail brut, presque silencieux, qui contraste avec la tendresse des courbes — comme si l’art lui-même avait voulu laisser une trace d’éclat, de force, au milieu de la délicatesse.
Je ne bouge pas. Je me contente de regarder, de respirer, de recevoir ce qu’elle me laisse entrevoir. Et je sens en moi naître une forme d’admiration, plus forte que le désir lui-même.
Elle incline légèrement la tête vers moi. Je fronce les sourcils, incertain. Un instant de flottement.
Mais elle insiste d’un nouveau geste, cette fois plus affirmé, toujours avec ce même sourire énigmatique. Je sens la chaleur me monter aux joues. Un frisson — mélange de gêne, d’excitation, et d’abandon.
Je comprends. Elle veut que je me découvre à mon tour.
Alors, sans un mot, je retire lentement mon haut, sous son regard tranquille. Mais elle s’approche.
Ses doigts, longs et fins, viennent à ma rencontre. Avec une lenteur presque cérémonieuse, elle défait la boucle de ma ceinture, puis les boutons, un à un. Mon pantalon glisse sans bruit le long de mes jambes.
Je me retrouve en sous-vêtements avec une bosse bien visible. Sa main glisse lentement sur mon corps, explore sans hâte. Elle descend, s’arrête un instant… avant de poursuivre son chemin vers un point précis. Le geste est lent, mesuré, presque tendre. Je vacille. Un souffle m’échappe. Mes repères s'effacent, un à un, emportés dans le silence de ses caresses.
J’ouvre les yeux, comme réveillé d’un rêve. L’instant venait de frôler la magie. Elle a reculé de quelques pas, silencieuse.
Et puis, là, elle commence à danser. Ses mains sont souples, précises, rapides. Ses mouvements me font penser à des serpents. Oui… c’est ça. Une danse du serpent.
Dans un enchaînement fluide, presque rituel, ses gestes défont sa ceinture, font glisser son pantalon, puis le reste. Tout semble lent, naturel, comme hors du temps.
Et sans que je m’en rende compte, elle se tient là, nue, face à moi.
Et là… c’est un choc. Pas un choc de désir. Un choc artistique.
Un tableau vivant se dresse devant moi. Elle est tatouée de la tête aux pieds. Chaque centimètre de sa peau est couvert d’encre, de lignes, de courbes. Aucune surface n’est épargnée.
C’est un langage silencieux, d’un nouveau monde à explorer, offerte sans un mot.
Je m’approche d’elle, lentement. Ma main se lève, hésitante, puis trouve sa peau. Je la caresse du bout des doigts, à peine un effleurement.
Je suis les tracés de ses lignes, les chemins d’encre qui parcourent son corps. Chaque mouvement est un souffle retenu, chaque contact un frisson.
Sous mes doigts, sa peau réagit — une vague de chair de poule qui me traverse autant qu’elle.
Les motifs me guident. Ils m’emmènent le long de son dos, vers la courbe de ses hanches, puis plus haut, vers sa poitrine.
Chaque avancée déclenche en elle un frémissement. Je sens sa sensibilité, sa délicatesse, presque comme une vibration muette sous mes paumes.
Je ne touche pas un corps. Je lis une carte vivante. Et chaque ligne, chaque détail semble m’inviter à explorer — sans hâte, sans conquête.
Elle ferme les yeux, respire lentement. Puis, sa voix s’élève. Basse. Posée. Presque un murmure.
— Tu les comprends, ces lignes ?
Je relève la tête, surpris.
— Non… j’essaye.
Elle sourit, les paupières toujours closes.
— C’est déjà beaucoup.
Un silence. Puis :
— Personne ne m’a jamais touchée comme ça.
Je reste là, figé, avec cette phrase dans les mains. Elle ouvre les yeux, me regarde droit. Pas un regard de défi. Un regard d’accueil.
— Tu peux continuer, si tu veux, ajoute-t-elle.
— Seulement si tu veux que je continue.
Elle hoche doucement la tête, puis referme les yeux.
— J’ai attendu longtemps qu’on me lise comme ça. Pas qu’on me regarde. Qu’on me lise.
Je passe une main dans mes cheveux, un peu déstabilisé.
— Et qu’est-ce que tu veux qu’on découvre ?
Elle ouvre les yeux. Son regard est calme, profond, habité. Elle répond sans hésiter :
— Mon jardin secret.
Je prends doucement sa main, un simple contact, léger, mais chargé de sens. Elle me suit sans résistance, silencieuse. Nous avançons à travers la pénombre douce de la maison, jusqu’au pied de l’escalier.
Là, je m’arrête. Je lâche sa main. Elle comprend sans un mot, et commence à monter.
Je reste en bas, volontairement. Pas pour lui laisser de l’espace. Mais pour l’observer.
Chaque marche qu’elle franchit fait naître un mouvement dans son corps, un balancement discret de ses hanches, une ondulation presque chorégraphiée.
La lumière dorée, tamisée, glisse sur sa peau nue et sur les tatouages qui la recouvrent. À mesure qu’elle s’élève, les motifs prennent vie. Certains semblent danser. D’autres ondulent, respirent avec elle. Sur ses cuisses, des formes végétales se mêlent à des lignes géométriques.
Dans le creux de son dos, l’encre s’étire en un paysage dense, presque sauvage. On y devine une végétation dense — un entrelacs de branches, de feuilles, de lignes délicates. Et à chacun de ses pas, les motifs semblent frissonner légèrement, comme si une brise légère passait entre les feuillages, faisant les lignes gravé sur sa peau.
C’est un spectacle silencieux, une lente ascension rituelle. Je ne peux pas détacher mon regard. C’est trop beau. Mon cœur s’emballe.
Et lorsqu’elle atteint les trois quarts de l’escalier, elle s’arrête. Elle tourne légèrement la tête, me jette un regard par-dessus l’épaule… Et sourit.
Puis, sans prévenir, elle se met à bouger. Ses bras se lèvent avec lenteur, dessinent dans l’air des formes invisibles. Ses hanches ondulent, son bassin suit, tout son corps entre dans un rythme souple et maîtrisé. Même ses jambes, ses pieds, jusqu’au bout de ses doigts, semblent danser dans une chorégraphie intime.
C’est un spectacle fascinant. Elle ne se contente pas de bouger : elle habite chaque geste, avec une grâce naturelle et une précision presque troublante. Elle danse comme une ballerine — ou non… comme une déesse.
Puis, sans rompre le fil du mouvement, elle poursuit sa montée, fluide, aérienne. Je la suis, captivé, jusqu’à la chambre.
Là, elle se couche sur le lit — pas comme on se repose, mais comme on continue un rite. Allongée, elle reprend sa chorégraphie, chaque mouvement glissant dans le suivant, comme une vague silencieuse. Sa peau, ses lignes, son souffle : tout participe à cette danse silencieuse et sacrée. C’est plus qu’un corps en mouvement — c’est une offrande vivante.
Je reste debout, à quelques pas du lit, incapable d’intervenir. Je n’ose ni m’asseoir, ni parler, ni rompre ce qu’elle est en train de créer.
Elle danse encore. Pas pour moi. Pour elle.
Je la regarde comme on regarde un feu : fasciné, envahi par une chaleur qu’on ne sait pas décrire. Elle est là. Elle rayonne. Mon cœur bat fort. Ce n’est plus seulement du désir — c’est quelque chose de plus profond.
Elle finit par s’immobiliser. Elle m’observe, allongée, paisible. Son regard me cherche. M’appelle. Je fais un pas, puis un autre. Je ne suis plus sûr de moi, mais je n’ai pas peur. J’avance. Non pas pour la rejoindre. Mais pour la rencontrer.
Elle avance lentement sur le lit, à quatre pattes, avec la grâce féline d’une panthère. Son regard ne me quitte pas : fixe, profond, presque instinctif. Chaque mouvement est fluide, maîtrisé, comme si elle dansait encore — mais cette fois, pour moi.
— Tu comptes le garder encore longtemps ? murmure-t-elle.
Je fronce légèrement les sourcils.
— Quoi donc ?
Son sourire est immédiat, joueur, presque tendre.
— Ton boxer.
Je baisse les yeux, surpris de constater que je l’avais oublié. Depuis le début, je n’avais pas quitté cette seconde peau. Alors je m’en défais, lentement. Un silence passe. L’air semble changer de densité.
Elle s’approche encore. Plus près. Le poids de son regard m’embrase autant que ses gestes. Elle pose une main sur ma hanche, puis lève les yeux vers moi.
— Il est temps que je m’en occupe, murmure-t-elle.
Je ne réponds rien. Je sens son souffle, son intention, sa présence. Je ferme les yeux. Mes mains viennent doucement encadrer sa tête, non pour la guider, mais pour la sentir contre moi, l’accompagner dans cette offrande silencieuse.
L’intensité monte, lentement, profondément. J’ouvre les yeux. Elle est là, en mouvement. Je suis frappé par la beauté simple de ses gestes, par leur évidence. La courbe de son dos ondule avec grâce, souple et lente, comme portée par une mer intérieure. Ses hanches suivent, fluides, dessinant dans l’air des vagues invisibles. La courbe de ses fesses accompagne ce mouvement avec une élégance naturelle, presque irréelle. Tout semble harmonieux.
Je la regarde sans oser cligner des yeux, de peur de briser ce moment suspendu. Je ne sais plus où commence son corps et où commence le vertige en moi.
Il y a, dans sa manière de se mouvoir, quelque chose de sacré. Chaque geste semble porter un appel silencieux, un langage ancien où le corps n’est plus un objet, mais un souffle, une mélodie muette que l’on ne regarde pas — que l’on apprend à lire, à ressentir.
— Allonge-toi, murmure-t-elle.
Sa voix est douce, basse, presque irréelle. Je m’exécute sans un mot.
Elle s’avance vers moi avec cette même grâce féline, fluide, presque hypnotique. À quatre pattes au-dessus de moi, elle me surplombe un instant, son regard ancré dans le mien. Puis ses lèvres se posent sur ma peau. Un baiser. Puis un autre. Dans le cou. Sur la clavicule.
Elle me couvre de gestes tendres, précis, comme si elle dessinait sur moi une réponse silencieuse au trouble que je ressens. Chaque contact est à la fois brûlant et apaisant. Comme une pluie tiède sur une peau en attente.
Et soudain, d’un geste sûr, elle recule légèrement, puis abaisse lentement son bassin. Son regard toujours ancré dans le mien.
Un souffle. Un instant suspendu. Elle s’installe sur moi, dans un mouvement lent, instinctif, presque animal. Le contact est immédiat, intense. Une onde glacée me traverse — surprise, frisson, saisissement. Je ferme les yeux, submergé par la sensation. Ce n’est pas seulement physique. C’est quelque chose de plus vaste, de plus profond. Comme si nos corps s’étaient cherchés longtemps avant de se trouver là, enfin réunis.
Elle ne dit rien. Mais son souffle me parle, me guide.
Par les grandes baies vitrées. Les phares des voitures glissent sur les murs, leurs rayons glissant sur nos corps enlacés. Dans cette lumière mouvante, elle semble irréelle — sculptée par l’ombre, modelée par la clarté. Chaque reflet épouse une courbe.
Nos respirations se mêlent, se cherchent, s’accordent. Elle se donne sans retenue, avec cette grâce animale et maîtrisée que j’ai vue en elle depuis le premier instant.
Je caresse les lignes d’encre qui encerclent sa poitrine. La courbe délicate de ses petits seins donne du relief au dessin. Ils tiennent parfaitement dans le creux de mes paumes, comme s’ils y avaient toujours eu leur place. Le mouvement de ses hanches est d’une grâce envoûtante. Chaque élan, chaque ondulation semble venir de plus loin, de plus profond. Mes sens s’embrasent, m’envahissent. Un gémissement m’échappe, presque malgré moi.
Ses gémissements deviennent plus forts, plus rapprochés. Nos souffles, nos voix, se confondent peu à peu — jusqu’à ne plus former qu’un seul son, une seule vibration, portée par le même rythme, le même vertige.
Et soudain, tout converge. Nos souffles, nos voix. Le monde s’efface autour de nous — il ne reste que cette vibration commune. Et soudain, je me perds en elle. Tout mon être se relâche, s’abandonne dans cette fusion, profonde, entière. C’est comme une vague qui se brise. Puis un râle se libère. Je n’ai plus de mots. Juste ce vide en moi. Cette paix intérieure.
Je ne l’ai pas remarqué tout de suite… Mais elle aussi a crié. Ses jambes tremblent encore, tout son bassin secoué de spasmes. Ce sont ces secousses incontrôlées, qui m’ont ramené à moi. Sorti de mon extase
Elle est là, au-dessus de moi, les yeux mi-clos, le souffle court. Elle tente de reprendre le contrôle de son corps… et soudain, elle rit. Un rire léger, presque nerveux, mais vrai. Un éclat de vie. De soulagement. D’abandon heureux.
Puis, peu à peu, tout se calme. Le silence revient, épais, tendre. Elle s’allonge à mes côtés, la peau encore tiède, le souffle encore court. Je la frôle du bout des doigts, suivant les lignes d’encre sur sa peau, ces chemins que je commence à connaître par cœur. Je ferme les yeux. Sous ma paume. Je sens les frissons qui le traversent, discrets, fugaces, comme des vibrations sous la peau.
Je l’enlace. Et dans cette chaleur, ce moment de paix. Je m’endors — apaisé, ancré dans ses bras.
À mon réveil, elle n’était plus là. Je me redresse, encore à moitié engourdi. Ai-je rêvé ?
Je regarde autour de moi : aucune présence, aucun bruit, seulement la lumière pâle du matin qui traverse la grande baie vitrée.
Je me laisse retomber contre l’oreiller et glisse doucement sur les draps. J’ai dû inventer tout ça…
Mais alors que je tourne la tête vers mon réveil, quelque chose attire mon regard. Un petit bout de papier, soigneusement plié, posé là.
Je tends la main, le prends… et je lis.
C’est elle. Elle m’a écrit :
« Aucun homme ne m’avait jamais regardée ainsi. Par tes caresses, tu as su libérer mon corps, sans jamais le brusquer. Je n’oublierai jamais la façon dont tu m’as découverte. Tu as su faire jaillir en moi un feu sacré. Que je croyais éteint. Aucun homme ne m’avait donné cette intensité. Ce vertige-là. »
Je relis ces mots plusieurs fois. Chaque phrase résonne en moi. J’aurais aimé lui dire :
« Tu es une œuvre d’art vivante. Ton corps est un jardin, aux chemins dessinés avec une précision presque sacrée. J’ai flâné dans ce jardin avec respect, porté par ton souffle, guidé par tes frissons. Ce que tu m’as offert… cette fusion entre nous… Je l’ai reçu comme un don rare, infiniment précieux. Et ce qui est entré en toi, ce n’était pas un simple abandon — c’était une offrande, déposée au cœur de ta forêt secrète. Ce moment restera gravé en moi, comme une vibration dans un coin secret de ma mémoire, là où les vrais souvenirs ne s’effacent jamais. »
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