NOUVELLES EROTIQUES Tome 2 (2025)

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8 - Dossier conjugal

 

Je suis assis confortable dans les fauteuils du hall de l'hôtel, tendu, le souffle court. J'attends un coursier chargé d'un pli confidentiel. Derrière le tourniquet, un homme en uniforme aux couleurs de l'établissement d'un transporteur très connu traverse la salle. Il avance droit vers le réceptionniste. On me désigne d'un geste par le mouvement de la tête. Ce message me revient, je le sens.

Il s'arrête à ma hauteur.

— Monsieur Vanberger ?

— Oui.

— Je dois vérifier votre identité.

— Bien sûr... la voici.

— Parfait. Signez ici.

Il me tend l'enveloppe. Mes mains tremblent. Le papier me brûle les doigts. Je fixe le cachet, encore scellé.

— Tout va bien, Monsieur ? demande un groom passant par là.

— Oui... oui. Merci

Je pousse un pied devant l'autre, serrant l'enveloppe contre moi. L'air paraît plus dense, chaque pas résonne sous la verrière. Je rejoins l'ascenseur.

Dans ma chambre, je dépose le courrier sur le lit. Le silence m'enveloppe. Je marche jusqu'au minibar, sors un verre, verse du whisky. Une gorgée me réchauffe.

Je balaie la pièce du regard. Un sourire me traverse. Le pli repose sur la couverture. Je le saisis, m'assois au bord du lit. La cire craque sous mes doigts. L'enveloppe porte un seul prénom : Jean. Discrétion absolue — la raison pour laquelle j'ai choisi cette agence.

Je tire sur la languette. L'air se charge d'électricité. À l'intérieur, un ensemble de feuilles, maintenus par une bande de plastique. Une feuille libre l'accompagne.

Je la soulève. La voix me quitte. Je lis à haute voix, dans la lumière pâle de la lampe.

Paris, le 15 juillet 2025

Monsieur,

Nous vous transmettant le dossier intégral concernant Madame, conformément à votre demande.

L'enquête a nécessité plusieurs semaines d'observation, de discrétion et d'analyse. Nos équipes ont dû travailler avec une rigueur extrême et une patience que les circonstances rendaient indispensable.

Puisque vous aviez expressément refusé toute transmission numérique, le présent courrier, cacheté et strictement confidentiel, vous est remis à votre hôtel parisien, sous pli scellé.

Dès les premières instructions, vous aviez insisté sur la précision du travail attendu : l'identification des lieux, la description des tenues portées, et la retranscription fidèle des échanges les plus intimes.

Afin de satisfaire à vos exigences, plusieurs agents ont été mobilisés, chacun chargé d'un aspect spécifique de la surveillance. Nous avons également fait appel à un écrivain spécialisé dans la littérature érotique, afin de garantir l'exactitude du ton et la finesse de certains détails que nos rapports n'ont pas coutume de dévoiler. Ce dispositif étendu justifie l'ajustement du tarif final, réévalué par rapport à l'estimation initiale.

Vous aviez également exprimé le souhait de ne recevoir aucune image compromettante.

Nous avons donc privilégié une restitution narrative : un compte rendu détaillé, où chaque geste, chaque silence, chaque hésitation est relatée avec la justesse que permet l'observation prolongée.

L'homme en cause, que nous désignons sous le nom de Monsieur X, a été identifié, suivi et discrètement observé.

Nos investigations révèlent sept rendez-vous, tous traversés par une intensité charnelle, à l'exception du premier — une approche silencieuse, presque prudente. Le dernier, lui, s'achève dans un souffle mêlé de désir et de tension, avant de basculer dans une dispute violente.

Ces rendez-vous ont eu lieu dans des environnements variés : hôtels confidentiels, appartements loués à l'heure, et même certains lieux publics, où le risque semblait, pour elle, faire partie du jeu.

Le dossier contient également plusieurs échanges écrits – messages et fragments de correspondance – reproduits sans altération. Leur ton se distingue nettement de celui que votre épouse emploie habituellement : direct, brûlant, parfois presque poétique dans son abandon.

Nous avons choisi de conserver chaque mot, chaque respiration textuelle, afin que vous puissiez percevoir la sincérité du trouble qui s'y exprime.

Un de nos spécialistes en technologie numérique a, par ailleurs, assuré la surveillance à distance des rencontres : caméras discrètes, dispositifs audio miniaturisés, et journal d'activité numérique.

L'ensemble des fichiers, horodatés et classés, est archivé sur notre espace sécurisé. Un accès personnel vous a été réservé pour consultation.

Nous vous recommandons de prendre le temps de parcourir ce rapport avec calme et lucidité. Ce qu'il révèle dépasse la simple infidélité : c'est un portrait d'intimité, celui d'une femme partagée entre le devoir et le vertige, entre l'ombre et la lumière.

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de notre discrétion absolue et de notre respect pour la sensibilité de cette révélation.

[Signature]

Agence Privée d'Investigations & Renseignements Discrets

Je tourne en rond, la lettre serrée entre mes doigts. Aucun mot ne franchit mes lèvres. Tout se bouscule à l'intérieur. Les phrases reviennent, coupées, amères. Elles s'impriment dans ma mémoire, ligne après ligne.

D'un geste brusque, presque nerveux, je m'immobilise. Le moment est venu de lire ce rapport. J'attrape le dossier sur le lit. Ma voix s'élève, comme pour fendre la tension qui m'étrangle.

— Voyons un peu ce que tu as laissé glisser entre tes cuisses, ma vieille...

Je baisse les yeux. Je me jette dans le rapport.

— La première rencontre ? Inutile. Rien qu'un préambule. Autant plonger directement dans la suivante.

Je fais glisser les pages, cale le dossier dans une main, soulève la liasse de l'autre. Mon torse se penche, ma voix s'élève. Je lis comme un orateur devant une salle comble.

Mon torse s'incline, ma voix monte. Je lis comme un orateur devant une salle comble.

— Alors, voyons cela...

«. Madame se rend au café Le Bon Tabac et s'installe seule à une table. Dix minutes plus tard, Monsieur X la rejoint. Ils s'embrassent sur la bouche, comme deux êtres qui se connaissent depuis longtemps — alors que ce sont leurs deuxièmes rencontres. Une fois assis, elle lui serre la main sans la lâcher. Monsieur commande, fidèle à son habitude, un whisky. Madame, elle, a déjà devant elle un verre de vin blanc. »

« Le sac de Madame repose à ses pieds. L'un de nos agents profite de cet instant pour s'installer, dos à elle, à une table voisine. Grâce aux informations que vous nous avez fournies et à votre accord écrit, un dispositif d'espionnage a été placé sur son téléphone. Les détails techniques de l'opération ne seront pas exposés ici, conformément à notre protocole de confidentialité de nos pratiques professionnelle. »

« Madame se lève et se dirige vers les toilettes. Monsieur X règle l'addition. Tout porte à croire qu'ils s'apprêtent à se séparer. Mais lorsqu'elle revient, elle passe son bras sous celui de Monsieur X. Ensemble, ils quittent le café, descendent la rue, puis franchissent la porte de l'hôtel Au Bon Séjour. ».

« Nous n'avons pas pu établir de position permettant une observation visuelle directe. Cependant, grâce aux outils d'écoute intégrés discrètement dans le téléphone de Madame, nous avons pu capter l'environnement sonore de la chambre. Vous trouverez ci-dessous la retranscription partielle des paroles audibles :

— Hmmm...

— C'est bon... continue.

Chuchotements non identifiables

— Oui... ooooh oui...

— C'est bon, ma poulette.

— Oui, vas-y... encore...

— Hmmm... oui...

Nous estimons, au vu de l'intensité des échanges et du silence qui suit, que l'acte s'achève à ce moment-là. Aucune autre interaction audible n'a été relevée après cela. Plus tard, selon notre agent en poste à l'extérieur, le couple a quitté l'établissement. Ils se sont séparés dans la rue, devant l'entrée de l'hôtel, après un baiser discret. »

« Après cet échange, ils ne se sont pas revus pendant deux semaines. Cependant, leur communication via smartphone s'est révélée soutenue. Monsieur X a repris contact le premier. Vous trouverez en annexe la retranscription intégrale de leurs échanges, incluant les messages écrits et vocaux. Nous avons sélectionné ci-dessous trois extraits particulièrement significatifs. »

« Rapport de conversations – du 28 mai au 13 juin 2025. Extraits sélectionnés :

1. 29 mai, 10H00. SMS

— Alors ?

— J'ai eu mal toute la nuit.

— Pourquoi ?

— Elle est trop profonde.

— Ah...

— Mais ne t'inquiète pas. J'ai aimé la sentir cogner tout au fond.

2. 31 mai, 21H00. Messagerie :

— Tu fais quoi ?

— Je suis dans mon bain.

— Hmm... t'es nue ?

— Évidemment, je suis dans l'eau.

— Envoie une photo.

— Maintenant ?

— Oui.

Envoie d'une photo de madame.

— Pas un selfie... même si tu es sublime.

— Alors Quoi ?

— Montre-moi entre tes cuisses.

— J'ose pas.

— Tiens, regarde

Envoi d'une photo d'un sexe masculin en érection, vraisemblablement celui de Monsieur X. Aucune image n'a été jointe en annexe, conformément à votre demande initiale.

— Arrête... Ça m'a donné la chair de poule en la revoyant.

La suite des échanges suit la même tonalité, avec une intensité croissante, un désir qui s'exacerbe à mesure que les jours passent. Jusqu'au

3. 13 juin, 22H00. Conversation téléphonique :

— Non, je ne vais pas activer la vidéo.

— Allez

— Je suis aux toilettes.

— Justement.

— Bon... d'accord. Cinq minutes, pas plus.

Activation de la vidéo. Nous avons pu récupérer l'enregistrement. Celui-ci a été placé dans notre coffre numérique sécurisé. Un accès confidentiel vous a été transmis, au cas où vous souhaiteriez le consulter.

Analyse de la vidéo – 13 juin, 22h03

Durée : 4 minutes et 38 secondes

L'enregistrement démarre par une vue instable du plafond d'une pièce faiblement éclairée. Après quelques secondes de flou, l'image se stabilise. Madame est assise sur la cuvette des toilettes, les cuisses légèrement ouvertes. Elle porte un ensemble de lingerie vert pomme, dont la coupe et la couleur renforcent l'impact visuel de la scène.

Son regard reste fixe vers l'objectif. Elle ne parle pas, mais respire de manière audible. On distingue une tension dans les traits du visage, entre retenue et excitation.

Par deux fois, elle ajuste l'angle du téléphone, l'orientant davantage vers le bas de son corps, sans jamais exposer explicitement ses parties intimes.

Des gémissements étouffés sont perceptibles. À la minute 2:16, en provenance de Monsieur X. Madame murmure :

— Tu fais quoi ?

Un silence. Puis :

— Je me branle !

Surprise, elle fixe l'écran. Un sourire discret effleure ses lèvres. Elle découvre Monsieur X, en train de se masturber. L'excitation de l'homme ne laisse aucun doute. Le visage de Madame s'anime. Ses traits se modifient, happés par la scène. Elle se pince les lèvres. Ses yeux roulent légèrement vers le haut, comme traversée par une onde invisible.

Monsieur X lui demande, voix basse :

— Tu te touches ?

Elle répond brièvement, dans un souffle :

— Que c'est bon...

— Montre-moi.

L'image s'incline vers le bas, le cadrage devient plus intime. Madame a les cuisses bien écarter. Ses doigts glissent lentement entre ses cuisses, effleurant son intimité. Les mouvements deviennent plus insistants, rythmés. Une luisance visible accentue l'atmosphère. Le rythme de sa respiration s'accélère qui trahissent une forte excitation. La caméra capte encore un frémissement, puis l'image vacille avant de s'interrompre brusquement.

Plus aucun échange n'est enregistré jusqu'au lendemain matin. Un message est alors envoyé par Madame à Monsieur X :

— Mon téléphone est tombé dans la cuvette, il ne refonctionne que depuis ce matin. Je suis libre toute la nuit... mon mari part en déplacement. J'ai tellement envie de toi après notre visio d'hier soir

Réponse de Monsieur X :

— Ne me laisse plus jamais sans nouvelle. Hôtel Au Bon Séjour, chambre 17. 18h00. »

« Nous disposions de l'adresse ainsi que de l'heure exacte du rendez-vous. Une équipe a été envoyée sur place. La chambre voisine de celle du couple a été louée par nos soins. Nous y avons installé discrètement un système de captation sonore à travers la cloison, et équipé la chambre ciblée de caméras dissimulées. Tout était prêt à 17h00 pour le début de l'opération. »

 

Monsieur X arrive à 16h30, avec une demi-heure d'avance sur l'heure prévue. Après avoir récupéré la clé de la chambre, il s'installe au bar de l'hôtel et commande un whisky, vraisemblablement pour patienter.

Madame se présente à 17h15, tirant une petite valise cabine. Monsieur X la reconnaît immédiatement, se lève et la rejoint. Ils échangent quelques mots à voix basse, puis montent ensemble dans l'ascenseur, en direction de la chambre.

À peine la porte refermée, Monsieur X s'approche de Madame et lui administre une gifle. Madame tente de réagir de la même manière, lève la main, mais il intercepte son geste. Sans dire un mot, il l'embrasse avec force. L'échange se prolonge, intense. Dans le même mouvement, il commence à la dévêtir, sans opposition manifeste de sa part.

Au contraire, elle entreprend de le déshabiller à son tour. Sous sa tenue, Madame porte un ensemble rouge, soigné, qui attire aussitôt le regard. Monsieur X la saisit alors par les épaules et la pousse sur le lit. Elle se redresse, tente de se soustraire à son emprise, mais il la retient. Puis la gifle. Un échange de gestes brusques, de résistance. Mais madame, loin de reculer, esquisse un sourire avant de céder à la scène qui s'installe.

Monsieur X enlève son boxer sans précipitation, sous les yeux de Madame qui ne le quitte pas du regard. Le silence qui s'installe accentue la tension, faite de domination assumée et d'un consentement trouble mais manifeste. Monsieur s'approche d'elle. Il guide la tête de Madame avec fermeté, dans un geste maîtrisé. Elle ne résiste pas, se laisse diriger.

Le corps de Madame reste immobile quelques secondes, avant qu'un lent mouvement de va-et-vient ne se dessine, suggérant une participation active.

La caméra, en angle latéral, ne permet pas de voir l'intégralité de l'échange, mais les sons captés – respirations profondes, soupirs étouffés, murmures indistincts – laissent peu de doute sur la nature de l'acte.

La scène se poursuit sans rupture, rythmée, jusqu'à ce que Monsieur X, dans un mouvement brusque, fasse basculer Madame sur le dos. Elle se penche, puis s'appuie sur les genoux, au bord du lit. Ses mains s'ancrent à plat sur le matelas tandis qu'elle s'étire lentement, le bassin relevé, offert. Monsieur X s'approche, effleure ses hanches du plat de la main, remonte doucement le long de son dos, sans précipitation. Madame ondule par vagues discrètes, son corps répond au contact. Les mains de Monsieur glissent, frôlent, redessinent ses courbes. Chaque frisson s'inscrit à la surface de sa peau, perceptible par ce toucher qui se tend sous ses doigts — ce grain délicat, typique de la chair de poule.

Les caresses circulaires sur son postérieure éveillent un frisson chez Monsieur X. Il avance lentement, jusqu'à ce que leurs corps s'effleurent. Le contact se fait, précis, contenu. Madame ajuste sa position. Le geste s'accomplit dans un souffle partagé, un gémissement discret s'échappe de ses lèvres au moment de l'introduction.

Les échanges entre Madame et Monsieur X restent intenses, rythmés, sans interruption. Les sons captés — souffles, murmures, gémissements étouffés — confirment la nature charnelle de cette rencontre, menée dans une atmosphère consentie.

À 17h25, les voix s'apaisent. Le silence s'installe. Le couple a quitté la chambre à 20h17, séparément.

Madame a pris un taxi, tandis que Monsieur X est resté au bar de l'établissement pour une consommation supplémentaire.

Fin de l'observation. »

À lire ce rapport à voix haute, ligne après ligne. Un nœud s'est formé dans ma gorge. Je ne dis plus rien. Mes pas glissent jusqu'au bureau. Je saisis le verre. Une gorgée. L'alcool descend, brûle à peine. Il fige tout — les sensations, les pensées, les images.

Mon regard dérive vers le fond de la chambre. L'obscurité avale les contours. Je me demande ce qu'elle pense, elle. Ce que ces mots remuent en elle, dans ce silence. Si seulement elle sentait ce que ça me fait. À plusieurs reprises, je me suis surpris à ajuster mon pantalon. Trop serré. Trop tendu. Une partie de moi m'échappe, réagit sans me demander mon avis.

Je respire profondément, puis reprends le dossier en main. Un instant, mon regard s'attarde une dernière fois sur le fond de la chambre. Rien ne bouge. Ou tout attend. Alors je baisse les yeux, rouvre les pages, et commence la lecture du dernier rapport.

« Nous avons pu intercepter de nouvelles conversations après leur dernière rencontre. Vous trouverez les transcriptions complètes en annexe. Concentrons-nous ici sur leur deuxième rendez-vous, qui s'est déroulé dans un love hôtel. Étant donné qu'il s'agit de chambres louées à l'heure, nous avons pu intervenir en amont de leur arrivée, afin d'y dissimuler de nouvelles caméras. L'un des avantages de ce type d'établissement réside dans la configuration des lieux : la présence d'un miroir au plafond nous a permis d'obtenir un angle de vue élargi sur l'ensemble de la pièce, offrant ainsi une vision globale et stratégique de leurs déplacements et interactions.

Je me dois également de vous signaler que la rédaction de ce dernier rapport a représenté une difficulté particulière pour notre équipe. Nos agents, tout comme l'écrivain chargé de la retranscription, ont dû faire preuve d'un certain recul, mais aussi d'une forme de bienveillance, face à la nature intime du contenu observé. Nos interventions habituelles reposent davantage sur l'analyse de photos ou de vidéos captées discrètement, que sur la description détaillée de gestes à caractère sexuel. Exercer ce regard prolongé sur l'intimité d'autrui, puis le traduire avec précision tout en respectant votre demande de narration, s'est révélé une tâche inhabituelle, parfois inconfortable. »

Je referme un instant le dossier. Quelque chose m'échappe. Les agents. Le rédacteur. Même eux, habitués à tout, ont noté un malaise.

Je me tais. Je ne bouge plus. Un silence épais s'est installé dans la pièce. Je ne peux m'empêcher de jeter un dernier regard vers ce mur noyé d'ombre. Comme si... quelque chose attendait là. Ou quelqu'un.

« Rapport du 19 juin 2025 - Lieu : Love Hôtel – location de 18H00 à 20H00.

Monsieur X et Madame arrivent ensemble. D'après nos observations, ils se seraient retrouvés à la sortie du métro, avant de rejoindre l'hôtel côte à côte, sans gestes déplacés, mais avec une proximité manifeste.

La chambre se situe dans un établissement spécialisé dans la location horaire — un love hôtel connu pour ses ambiances audacieuses. Monsieur X récupère la clé à la réception. Madame le suit, silencieuse, légèrement en retrait.

Ils prennent la chambre prévue. À peine la porte franchie, une lumière rouge tamisée enveloppe les murs, plongeant la pièce dans une atmosphère épaisse, presque théâtrale. Le plafond, orné d'un miroir encadré de néons, reflète chaque mouvement du lit placé au centre, comme une scène. Les murs arborent des fresques provocantes. Sur la gauche, une croix de Saint-André, solidement fixée. Les draps, noirs, contrastent avec les teintes chaudes du décor, absorbant les ombres et les gestes. Tout y invite à l'exploration, au dépassement de soi, à la mise en scène d'un désir sans censure.

C'est dans ce décor que Monsieur X et Madame vont évoluer. Et ce que nos caméras ont capté ce soir-là dépasse, de loin, ce à quoi nous nous attendions.

Madame entre la première.

Dès le seuil franchi, elle marque un arrêt. Son regard parcourt lentement la pièce, absorbé par les teintes rouges, les reflets du miroir au plafond. Un souffle discret s'échappe de ses lèvres, presque un soupir d'étonnement. Elle avance sans dire un mot, frôle le lit du bout des doigts, puis s'attarde devant la croix de Saint-André, comme fascinée.

Monsieur X entre à son tour, referme la porte derrière lui. Pose sa mallette sur le bureau, l'ouvre. Il ne dit rien non plus. L'ambiance se charge d'elle-même.

Madame se retourne enfin. Elle le regarde. Silencieuse.

Madame s'approche, penche légèrement la tête. Le contenu se dévoile peu à peu : une série d'objets méticuleusement rangés, alignés comme des instruments. Cuir, métal, tissu noir. Tout semble pensé, choisi, préparé. Ses doigts effleurent l'un des accessoires, sans le saisir. Un sourire discret, presque un rictus de surprise, effleure ses lèvres.

Monsieur X s'avance, plonge une main dans la valise, et en sort une lanière de cuir. Ce n'est pas une ceinture. C'est un collier.

Monsieur X s'approche d'elle, le collier en main. Il ne parle pas. Ses gestes, eux, parlent pour lui. Il se poste derrière elle, lentement, comme s'il mesurait chaque seconde. Ses doigts dégagent doucement les cheveux de Madame, découvrant sa nuque. Le cuir frôle la peau, d'abord du plat, puis épouse la courbe délicate de son cou. Il ajuste la boucle, sans brutalité, sans hésitation.

Madame ne bronche pas. Elle garde les yeux baissés. Ses mains croisées devant elle, elle attend. Quand la lanière se referme, un frisson traverse ses épaules.

Monsieur X recule d'un pas, l'observe. Elle tourne lentement la tête, croise son regard. Une seconde. Pas plus. Mais dans cette seconde, tout est dit : elle accepte.

Monsieur X recule légèrement, puis commence à retirer ses vêtements.

Pas entièrement.

Juste ce qu'il faut pour révéler ce qu'il portait en dessous : un ensemble moulant, noir, composé d'un boxer et d'un haut en latex brillant. La matière épouse chaque relief de son corps. Le t-shirt, découpé au niveau des tétons, accentue l'étrangeté de la tenue. La lumière rouge de la chambre glisse sur la surface tendue du latex, soulignant les volumes, les tensions.

Face à lui, Madame reste immobile. Pas longtemps. Son regard glisse vers la valisette restée ouverte.

Elle s'en approche, cherche sans hâte, puis saisit un accessoire — une chaînette fine, terminée par deux éléments métalliques. Elle s'approche de Monsieur X, lève lentement les mains, et fixe chaque extrémité du bijou au tétons de Monsieur X. Un frémissement traverse son torse. Suivie d'un cri de douleurs.

Puis, soudain, il lève la main et lui administre une gifle. Pas de violence brute, mais un geste net, maîtrisé, presque chorégraphié. Elle ne réagit pas. Son regard ne fuit pas. Au contraire : elle sourit.

Puis, dans un geste soudain, Madame tire sur la chaînette. Monsieur X laisse échapper un cri — bref, rauque, presque surpris. La tension dans son torse se crispe aussitôt.

Il réagit dans la seconde, avec un mouvement sec, plus marqué que les précédents. Sa main claque contre la joue de Madame. Pas une mise en scène cette fois, mais une réponse instinctive, brutale. Le choc la déséquilibre. Son corps bascule sur le lit.

Elle ne dit rien. Ne proteste pas. Elle reste là, allongée, un bras replié sous elle, les cheveux épars. Monsieur X, lui, ne bouge pas tout de suite. Il la regarde. Longuement.

Quelque chose d'indéfinissable vient de franchir un seuil entre eux. Et rien, à ce stade, ne semble prêt à s'arrêter.

Madame se redresse lentement. Les gestes qu'elle accomplit ensuite ne laissent aucun doute sur son intention : elle se défait de ses vêtements, couche après couche. Sous le tissu, un ensemble en latex rouge se dévoile, moulant, brillant sous la lumière chaude de la pièce.

Elle ne porte pas ce choix par hasard. Elle s'était préparée. Ce rendez-vous, elle ne l'a pas simplement accepté. Elle l'a anticipé. Pensé. Et attendu.

Elle s'allonge sur le lit, sur le dos, les jambes croisées. Un jeu s'installe : chaque mouvement semble calculé, chaque geste trace un rythme silencieux, un dialogue sans paroles.

Monsieur X la regarde, immobile, comme suspendu. Puis elle lève les jambes, lentement, en parallèle. La lumière glisse le long de sa peau, souligne la courbe. Elle joue avec la pose, alterne tension et relâchement, avec la précision d'une pin‑up maîtrisant son effet.

Peu à peu, ses jambes s'écartent, révélant davantage que le simple éclat du latex rouge. La découpe, pensée pour attirer le regard, dirige l'attention vers le cœur de sa posture. Une intimité assumée, exposée sans hâte, comme une réponse muette au regard de Monsieur X, qui ne détourne pas les yeux.

Chez lui, quelque chose dépasse, s'impose, trahit une tension que le latex peine à contenir. Son corps réagit. Visiblement. Elle le voit. Elle le sens par son regard.

Monsieur X se détourne un instant, fouille dans la mallette. Sans un mot, il en extrait un objet discret, au métal poli, dont les reflets glissent sous la lumière rouge. Il le tient dans sa paume, s'avance.

Madame suit le mouvement, d'abord intriguée. Puis, d'un coup, elle comprend. Son corps se tend. Elle recule dans le lit, les yeux fuyants. Elle tente de s'éloigner.

Il la rattrape. Leurs mains se croisent, s'empoignent, s'opposent un instant. Ni cri, ni mot.

Il pense avoir le dessus. Mais d'un geste rapide, elle lui arrache l'objet des mains. Il tente de la saisir, décidé à reprendre le contrôle. Mais elle esquive. Le mouvement la surprend elle-même. Il perd l'équilibre, tombe sur le ventre.

Et dans ce désordre soudain, elle se place au-dessus de lui. Un changement de rythme. De rôle. De règle. Son corps se pose avec fermeté. Elle s'installe. À califourchon, inversée. Ses mains prennent appui sur ces fesses. Son souffle se stabilise. Et elle rit.

Pas d'un rire moqueur. Un rire clair, presque léger. Celui de celle qui, l'espace d'un instant, tient le fil du jeu. Et ne compte plus le lâcher.

Elle reprend son souffle, le dos droit, encore campée sur lui. Sa main s'ouvre sur l'objet qu'elle a saisi plus tôt. Elle l'observe un instant, entre réflexion et décision.

Puis, dans un geste décidé, elle l'approche de ses lèvres, y laisse des traces, une humidité volontaire. Juste ce qu'il faut pour que le contact à venir ne laisse aucun doute sur son intention.

Monsieur X ne bouge pas. Seule sa respiration, plus courte, trahit ce qui s'agite en lui. Allongé, il attend, le corps tendu. Elle, toujours à califourchon, baisse légèrement le buste. Son regard glisse jusqu'au sillon discret, cette ligne qui dessine une frontière intime. Elle écarte doucement, dévoilant l'espace qu'elle cherche à atteindre. Ses mains ne tremblent pas. Elle ajuste l'objet, l'incline avec précision.

Puis, sans un mot, elle appuie. Le corps sous elle se crispe d'abord. Un râle sourd s'échappe — douleur, surprise, ou peut-être plaisir. Elle ne s'arrête pas. Elle contrôle. Elle guide. Elle enfonce.

Elle murmure, presque pour elle-même, un mot qui claque dans l'air comme une victoire :

— Voilà. Tu le méritais. Gros porc.

En donnant une petite tape sur la fesse. Monsieur X réagit, grogne une réponse entre gêne et ironie.

— Putain... Tu me la mise à sec ?

— Dis pas ça, répond-elle avec un sourire en coin. Je l'ai lubrifié... à ma manière.

Il se relève avec lenteur, encore marqué par l'instant. Ses gestes manquent d'assurance. Il fait quelques pas dans la pièce, cherche son équilibre, en silence.

— Tu l'enlèves pas ? demande-t-elle, le regard posé sur lui.

Il secoue la tête, un sourire discret au coin des lèvres. Elle soutient son regard.

— J'ai gagné, non ? souffle-t-elle. C'était le jeu.

Puis, sans un mot, il se retourne du bureau. Entre ses doigts, un accessoire en cuir. Il se fige un instant, ses traits deviennent plus fermes.

— Alors, qui va recevoir sa correction ? de na pas avoir obéir.

— Ah non, proteste-t-elle, dans un souffle mêlé de surprise et d'amusement.

— Si. Tant que tu portes ce collier, tu acceptes les règles. Tu es à moi.

Elle hésite. Son corps bouge à peine. Une tension traverse la pièce.

— Mais...

Il l'interrompt d'un mot.

— Chut.

Il s'assoit au bord du lit, malgré la gêne évidente que lui impose cette position. D'un geste, il l'invite à venir s'allonger sur ses genoux. Elle s'exécute. Me voilà à sa merci, soumis au rituel qu'il impose. Il commence par de légères tapes, puis augmente progressivement l'intensité. Les frappes s'enchaînent, rythmées, ponctuées de paroles crues et d'injonctions — détails que nous pourrons, si vous le souhaitez, vous remettre sous forme de transcription intégrale.

À chaque geste, la tension monte. Les sons qu'elle laisse échapper oscillent entre refus et abandon. Elle ne proteste pas, mais le moment prend une intensité nouvelle, presque insoutenable.

Le latex cède, révélant davantage sa peau rougit par les coups. Le bruit sec résonne, amplifié par les murs clos de la pièce. Les agents chargés de l'écoute m'appellent sur mon téléphone : la scène devient plus dure, plus éprouvante.

Madame pleure. Elle tremble. Finit par murmurer quelques mots, difficiles à distinguer. Je donne ordre à mes agents, de rester en retrait. De ne pas intervenir. Conformément à votre demande, l'observation se poursuit, sans interruption, quelle que soit l'évolution de la scène.

Puis un cri éclate.

— Arrête !

— Non.

— Arrête ! insiste-t-elle.

— Laisse mon doigt te pénétrer ?

Les mots fusent, se répondent, se confondent entre colère et panique. Les rôles se brouillent : ce qui relevait du jeu glisse vers autre chose, moins maîtrisé.

Elle répète, la voix brisée :

— Arrête, je t'en supplie !

— Pas sans notre mot, répond-il. Jamais.

Mais lui ne comprend pas tout de suite. Les règles étaient claires. Le code qu'ils avaient choisi — celui censé poser la limite — existait, oui... mais elle l'a oublié ce mot. Elle se débat, cherche à reprendre le contrôle. Alors seulement, il réalise. Il se fige, le souffle court, comme s'il prenait conscience, trop tard, de ce qu'il vient de franchir.

Puis la tension éclate. Madame se débat plus violemment, un geste brusque, instinctif, rompt l'équilibre. Monsieur X recule, chancelle, perd pied. Elle se dégage enfin, haletante, bouleversée. Les larmes coulent sans retenue, mêlées à la douleur et à la peur.

Dans un élan de colère, elle saisit l'objet resté au sol.

Sa voix se brise quand elle hurle :

— Tu es fou ! Je t'ai dit stop !

Un silence, puis une phrase, criée comme une délivrance :

— Poisson rouge ! Voilà ton mot ! Poisson rouge !

Elle s'effondre, secouée, avant de se relever lentement. Le souffle court, le regard vide, elle remet ses vêtements, sans un mot de plus. Puis quitte la chambre, laissant Monsieur X seul, figé dans un silence lourd.

Depuis ce jour, ils ne se sont plus revus. Aucun autre contact n'a été relevé.

1er juillet 2025. Fin de la surveillance. »

Je lève enfin les yeux du rapport. Le dépose à présent sur le bureau. Lentement, les phrases, lues, résonnent encore. Puis, une voix s'échappe de l'ombre.

— Alors ? demande-t-elle.

Je traverse lentement la pièce. Dans l'obscurité. Elle m'attend. Allongée sur le côté, la tête soutenue par sa main.

— Je comprends mieux, certaines de tes grimaces de ces derniers jour... pourquoi tu n'as pas pu t'asseoir.

Elle rit. Un éclat bref, presque nerveux.

— Je ne voulais rien te dire. Que tu le savoure en lisant le rapport.

Puis elle ajoute, sans me quitter des yeux :

— Moi, j'avais besoin que tu saches... jusqu'où je peux aller. Jusqu'où je suis allée.

— Humm. Tu as bien fait cella faisait longtemps que je n'ai pas été si excité.

Elle incline légèrement la tête, et dans un souffle presque tendre.

— J'ai eu une bonne idée, on dirait... Ça a ravivé ta libido.

Je m'approche d'elle. Son corps épouse cette tenue en latex rouge. Lentement, elle entrouvre les cuisses, en silence.

Ce soir, je n'ai pas simplement lu un rapport. J'ai redécouvert ma femme... et le feu qu'elle a su rallumer.

 

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